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Entre guerre politique et ravages de Chido, le Mozambique dans l’œil du cyclone!

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Daniel Chapo attend d'être investi président du Mozambique

C’est l’expectative au Mozambique, où les résultats de l’élection présidentielle du 9 octobre ont été proclamés, ce lundi, confirmant la victoire du candidat du Front de libération du Mozambique (Frelimo), le parti qui règne sur la vie politique du pays depuis 1975, l’année de son indépendance.

Cela fait donc 50 ans que l’alternance est impossible à conjuguer dans un Mozambique, où Daniel Chapo, qui a été crédité par le Conseil constitutionnel d’un score de 65,17%, recevra bientôt les clés du palais présidentiel! Des clés rouges du sang de plus de 130 manifestants qui faisaient partie des contestataires qui dénoncent, toujours, des irrégularités et des fraudes qui, disent-ils, ont entaché ces élections générales. Venancio Mondlane, le cheval du Podemos, qui occupe la deuxième marche du podium de ces votes, selon le Conseil constitutionnel qui lui attribue 24,19% des suffrages, n’entend pas faire tomer la fièvre de la contestation, car, pour lui, le Frelimo a pris en otage la gestion du pouvoir par la «force» et le «terrorisme d’Etat». L’opposant ne compte donc pas reconnaître les chiffres proclamés par l’institution gardienne de la Constitution. De l’exil où il se trouve, il n’a pas baissé les bras et continue d’appeler ses militants à maintenir le flambeau de la protestation qui a, déjà, fortement, endeuillé le pays et détruit bien des infrastructures.

Que va-t-il donc se passer maintenant, après le verdict, désormais sans appel du Conseil constitutionnel? Les manifestants, au risque de leur vie, face à des Forces de l’ordre qui tirent plus vite que leur ombre, à la manière Luky Luke, vont-ils tirer la corde jusqu’à la casser? Ou, a contrario, Venancio Mondlane et ses militants quitteront-ils la rue pour attendre les prochaines élections, pour essayer, de nouveau, obtenir le changement auquel ils tiennent, tout comme la majorité des Mozambicains qui voudraient bien goûter à une gouvernance autre que celle à la sauce Frelimo? Autant d’interrogations qui, en tout cas, ne sont plus à l’ordre du jour pour le Frelimo, dont le champion, Daniel Chapo, attend d’être investi, en principe, le 15 janvier 2025, dans ses hautes fonctions de président. Les risques d’affrontements entre les Forces de l’ordre à la gâchette facile et les manifestants qui sont tirés comme des lapins, ne sont pas à écarter, jusqu’à ce que les deux camps parviennent à la paix des braves. Peut-être qu’à défaut de ressorts locaux de facilitation, il va falloir penser à jouer la carte sous-régionale ou internationale, pour empêcher le chaos mozambicain.

Ce qui est certain, la vie socio-politico-économique étant loin d’être un fleuve tranquille dans ce Mozambique, «vainqueur ou vaincu, tout le monde sentira, comme l’indique la devise de ce footballeur béninois, à l’époque, défenseur de son équipe et qui qui savait mettre la semelle pour décourager les attaquants les plus téméraires à rôder autour de son territoire. La situation n’est guère reluisante dans ce pays où, comme nous l’avions déjà écrit ici, l’économie exsangue et des conditions de vie difficiles, ont poussé nombre de ses citoyens à migrer vers des cieux plus cléments, d’où ils essaient de subvenir aux besoins existentiels de leurs familles demeurées sur place. De plus, l’atmosphère déjà bien tendue, pourrait bien devenir davantage électrique, avec le dernier passage dévastateur du cyclone Chido. Le bilan officiel des 73 morts étant largement contesté par les populations et des ONG qui le trouvent bien en deçà des chiffres réels. En attendant, beaucoup de familles cherchent à retrouver les cadavres des leurs, pour leur consacrer un deuil décent.

C’est le cas de le dire, au propre comme au figuré, le Mozambique est dans l’œil du cyclone!

Par Wakat Séra