G5 Sahel moins 3, puis moins 2, égal à AES 3! Un calcul mental nulle part enseigné, encore moins dans une classe d’école, mais bien d’actualité dans cette partie du continent noir minée par les attaques terroristes et les putschs militaires. Et c’était pour mutualiser leurs forces que les cinq pays que sont la Mauritanie, le Tchad, le Mali, le Burkina Faso et le Niger s’étaient constitués, le 15 janvier 2014, à Nouakchott, en G5 Sahel. Ces pays voulaient, par cette union qui, dit l’adage, fait la force, «relever, solidairement, le double défi de la sécurité et du développement qui menaçait gravement la stabilité de la sous-région.»
Noble et salvatrice était l’ambition de l’organisation commune qui «s’articulait autour d’un triptyque stratégique: le renforcement de la sécurité et de la stabilité dans la région du Sahel, la protection des populations civiles et la promotion du développement économique et social.» Mais les moyens financiers et matériels ont fait défaut. Pire, la structure à peine portée sur les fonts baptismaux à essayé, en vain, de se mettre sous la tutelle de l’ONU, le puissant pays de l’Oncle Sam s’étant simplement, mais fermement, opposé à cette démarche.
Est-ce parce que le G5 Sahel était, à raison, considéré comme un bébé de la France, compte tenu de la forte présence d’Emmanuel Macron dans l’initiative que les Etats-Unis, lui ont interdit la tutelle de l’ONU? Probablement. Mais ce qui est certain, c’est au nom de la souveraineté proclamée de leur pays, que les militaires maliens qui ont pris le pouvoir par les armes en 2020 sur les berges du Djoliba, ont procédé, en mai 2022, au retrait du Mali de l’organisation. Sur les pas du colonel Assimi Goïta, le Burkina Faso et le Niger, ont également, ce 1er décembre, tourné le dos au G5 Sahel, dans une déclaration commune.
Les trois pays partis du G5 Sahel qui se reconnaissent des atomes crochus se sont retrouvés dans un autre ensemble, l’Alliance des Etats du Sahel. L’AES vise, à la virgule près, les mêmes objectifs que le G5 Sahel et devrait même aller plus loin, avec la création d’une nouvelle monnaie, différente du CFA, qui elle, est dénoncée de plus en plus dans l’espace AES, comme une monnaie de servitude. Du reste, les relations continuellement tendues entre la France politique et diplomatique et les trois membres fondateurs de l’AES, sont la cause du retrait de ces derniers du G5 Sahel.
Réduit à sa plus simple expression, le G5 Sahel vient donc de connaître un enterrement de première classe, la Mauritanie et le Tchad, prenant acte et respectant la décision des «Républiques sœurs du Mali, du Burkina Faso et du Niger», ayant décidé de mettre «en œuvre toutes les mesures nécessaires conformément aux dispositions de la Convention Portant Création du G5 Sahel notamment en son article 20». Un article 20 selon lequel le G5 Sahel «peut être dissous à la demande d’au moins trois Etats membres». Or l’étape de la «demande» a été dépassée, allègrement grillée comme un feu rouge de circulation, depuis lors que les trois Etats membres ont claqué la porte de la structure, sans autre forme de procès. Compte tenu de sa spécificité géographique, le G5 Sahel devenu, dans les formes, G4 puis G2 et maintenant G Zéro ne pouvant pas recruter ailleurs, meurt donc de sa belle mort.
Avec la disparition du G5 Sahel, le rejet de la France d’Emmanuel Macron par les dirigeants maliens, burkinabè et nigériens, vient de faire une énième victime. Et sans doute pas la dernière, entre la cascade de dénonciations d’accords et la série de décisions contre les institutions «instrumentalisées» et les «intérêts étrangers».
Par Wakat Séra