Des élèves ont manifesté ce lundi 15 mars 2021 à Ouagadougou pour dénoncer des mesures qu’ils jugent « liberticides » entrant dans le cadre de l’organisation des examens et concours scolaires au Burkina Faso. Ces élèves visaient à travers cette manifestation, une rencontre avec les autorités éducatives pour avoir « plus d’éclaircissements » sur des « rumeurs » faisant cas de l’annulation des sujets au choix concernant les matières d’Histoire-Géographie et de Science de la Vie et de la Terre, du second tour du Brevet d’études du premier cycle (BEPC) et du Baccalauréat (SVT) et un test obligatoire pour les nouveaux bacheliers avant leur accession dans les universités publiques.
Plusieurs centaines d’élèves de divers établissements scolaires publics et privés, notamment les lycées Saint Pierre de Kouka, Zong-Taaba, Zinda, Marien N’Gouabi et Nelson, selon les dires des dirigeants de la protestation, ont obstrué de 9 à 10H30, la circulation au Centre-ville de la capitale burkinabè, précisément au Rond-point des Nations Unies. Après s’être rassemblés en grande masse, ces élèves ont convergé vers le ministère de tutelle, le ministère de l’Education nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues nationales (MENAPLN). Mais, ils ont été contraints à stopper leur mouvement à 100 mètres du ministère qui était sécurisé par des éléments de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS), une unité d’élite de la Police nationale chargée du maintien d’ordre.
Après des tractations entre les leaders de la protestation avec le premier responsable de la CRS qui a demandé aux dirigeants de la manifestation de faire une demande d’audience afin qu’il puisse la transmettre aux premiers responsables du MENAPLN qui auront le choix de les recevoir ou pas car ils n’avaient déposé de préavis de grève, les élèves ont, en lieu et place de cette proposition, préféré repartir car ils ne s’étaient pas tous concertés avant de faire le mouvement.
Et, selon les confidences de certains, si leurs leaders entraient au ministère en vue de rencontrer les responsables, ils pourraient être mis aux arrêts. Donc par mesure de prudence, vu que cette manifestation était « une mise en garde », ils préféreraient revenir mercredi de façon bien concertée pour exposer leurs « vives préoccupations ».
« Nous sommes sortis ce matin avec les camarades pour montrer notre mécontentement face aux décisions prises par le gouvernement. On a appris depuis plusieurs jours l’annulation des sujets au choix au BEPC en Histoire-Géographie et en SVT. Nous avons appris aussi depuis quelques temps, la non tenue du second tour au Baccalauréat. Egalement pour accéder dans les universités, il faut passer un test après l’obtention du Baccalauréat », nous a indiqué Stéphanie Miranda Zongo, élève en Terminale A (TA4) au lycée Saint Pierre de Kouka.
A la question de savoir de qui lui et ses camarades tiennent ces informations, sa réponse est sans jambage. « Ce sont des rumeurs et ce matin nous sommes là, pour avoir plus d’éclaircissements sur cette histoire. Est-ce vrai tout ce qui se dit au dehors ? Parce que les rumeurs s’accompagnent de quelque chose. On ne peut emmener une rumeur sans fondement. C’est basé sur quelque chose et nous on veut savoir c’est quoi ».
A écouter ces manifestants dans le fond, si leurs inquiétudes sont confirmées, cela priveraient leurs libertés, leurs droits et diminueraient leurs chances. « Il faut donner la capacité aux autres d’avoir leur chance au second tour. Combien de nos cadres ont eu leur diplôme grâce au second tour ? Pour ce qui est de l’obtention du test à l’accès à l’université (publique), réellement, on n’a pas tous la capacité financière nécessaire pour aller à l’université privée. Or, si tu rates le test, c’est comme si le privé devient obligatoire pour toi. Et pire, si la demande au niveau des écoles privées est forte, elles vont encore augmenter les frais de scolarité. Donc voilà le bien fondé de notre lutte qui arrangera tous les élèves du Burkina Faso (à qui) nous demandons de manifester leur mécontentement dans la discipline», a soutenu un autre leader du mouvement, Djamil Abdallah Ouédraogo, également élève de TA4 au lycée Saint Pierre de Kouka.
Les responsables de la manifestation ont rassuré qu’eux et leurs camarades « ne veulent rien brûler ni casser » parce que leur « manifestation est pacifique » pour alerter sur l’urgence de la situation car les examens de fin d’année s’approchent à grands pas.
Dans l’intention d’équilibrer l’information et de mieux comprendre les inquiétudes partagées par tous les acteurs de l’enseignement secondaire et les parents des élèves, nous avons approché les responsables du ministère qui n’ont pas souhaité nous entretenir sur la question aujourd’hui.
Mais, le secrétaire général du MENAPLN, le Pr Kalifa Traoré, a rassuré que le département communiquera dans les prochains jours pour rassurer et situer les uns et les autres sur les bruits de couloir qui créent des tensions au sein du monde scolaire qui, pourtant cette année, a connu moins de troubles par rapport à l’année passée les syndicats des enseignants étaient vent débout pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail.
Par Bernard BOUGOUM