Le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP), le parti anciennement au pouvoir sous le président Blaise Compaoré, s’est dit «consterné» face à l’attaque terroriste sur l’axe Djibo-Bourzanga qui a fait 35 morts et 37 blessés, dans un communiqué transmis à Wakat Séra le mercredi 7 septembre 2022.
Communiqué de presse
C’est avec consternation que le Secrétariat Permanent du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) qui se réunissait dans l’après-midi de ce lundi 05 septembre 2022 pour apprécier le discours bilan des cinq mois d’exercice du Président du Faso, a appris l’attaque terroriste sur l’axe Djibo-Bourzanga.
Cette attaque à l’engin explosif improvisé qui a fait l’objet d’un communiqué par le Gouverneur de la région du Sahel fait état de 35 morts et de 37 blessés.
Une fois de plus cela constitue une grande perte pour la nation entière.
C’est tout ému et le cœur meurtri que j’adresse au nom des militantes, militants et sympathisants du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) et en mon nom propre, mes condoléances les plus attristées aux parents des disparus et au peuple burkinabè. Que la terre du Burkina Faso leur soit légère et que leurs âmes reposent en paix.
Je souhaite un prompt rétablissement aux blessés. Cet acte d’une rare barbarie nous interpelle une fois de plus à une union sacrée. C’est l’occasion pour moi de lancer un appel aux militantes et militants du CDP ainsi qu’à l’ensemble des Burkinabè à répondre avec promptitude à l’appel au don de sang manifesté par les autorités sanitaires.
En ce qui concerne le discours-bilan des cinq mois de transition fait par le Président Damiba, d’emblée, notre Direction Politique Nationale se félicite du courage du Président du Faso à reconnaître que l’enlisement dans la crise sécuritaire est dû aux faits de dissensions au sein des Forces de défense et de sécurité, des erreurs d’appréciations de certains acteurs politiques et la tragédie de voir certains compatriotes prendre les armes contre leurs propres frères.
Un des facteurs du délitement de la situation est exacerbé par la décadence de l’Administration publique entraînant le déficit de confiance de certaines populations vis- à -vis de l’autorité. Celles-ci ont consciemment ou inconsciemment abandonné leur droit légitime d’auto-défense contre l’ennemi pour se résigner à subir ses assauts car n’ayant plus de repères.
Si des victoires sont engrangées et les terroristes mis en déroute dans de nombreuses localités selon le discours du Président, les conduisant à poser des actions désespérées et dans une certaine incapacité à se réorganiser, force est de constater que les attaques et leurs corolaires sous toutes leurs formes ne se sont pas amenuisés et ne sont donc pas à minimiser. Les routes sont toujours piégées, des villages se vident de leurs populations, la famine est perceptible dans des villes et villages entiers et la terreur règne dans de nombreuses de localités. Face à cette situation, nous notons que le Président DAMIBA affirme qu’il y a deux options à combiner pour mettre fin au terrorisme. La recherche de la paix par le dialogue social et la lutte armée qui continue de s’imposer à nous.
Il vous souviendra que l’un des points de notre thème de campagne présidentielle de 2020 était de prendre langue avec ceux qui nous attaquent tout azimut et qui tuent impunément nos frères afin de connaître leur motivation et rechercher des voies de solution. Nous exhortons le gouvernement de la transition à persévérer dans cette combinaison d’options dans notre lutte contre le terrorisme.
Pour ce faire, toutes les filles et fils du Faso doivent se donner la main, accompagner la transition et favoriser la réinsertion de nos frères «repentis». Nous devons donc nous appuyer sur des personnes ressources et des acteurs, fort du dialogue social en se référant à nos valeurs morales, culturelles et multiséculaires.
Ce dialogue a déjà permis à certains combattants des groupes armés à déposer les armes. Ceci pourrait probablement interpeller d’autres consciences à emboîter le même pas. Pour ceux qui refusent cette main tendue fraternelle, qui persistent dans la barbarie, il faut les traquer jusque dans leurs derniers retranchements.
Aussi, face à la lutte armée qui nous est toujours imposée et pour atteindre les objectifs probants dans de meilleurs délais, le gouvernement a déjà consenti des efforts pour soutenir les FDS et les VDP qui sont sur le terrain de la lutte. Pour d’avantage les conforter dans leur engagement patriotique, d’avoir l’esprit et le corps dans le combat de libération de la nation, nous recommandons la prise en charge de la scolarité de leurs enfants, l’octroi de terrains d’habitation viabilisés et à terme les aider à y investir.
Nous recommandons également la création d’un compte intitulé «fonds patriotique d’appui à l’effort de guerre ». Nous invitons les Burkinabè, en particulier ceux qui ont un revenu substantiel et les opérateurs économiques à y souscrire volontairement.
En ce qui concerne les déplacés internes, nous saluons les mesures du gouvernement qui, à travers le ministre en charge de l’Education nationale, a bien voulu autoriser l’inscription gratuite des enfants déplacés dans de nouveaux sites et l’encourageons par conséquent, à davantage réunir plus de meilleures conditions d’études, à plus de concertations avec les acteurs et partenaires sociaux du domaine de l’éducation. Toutefois, c’est le lieu de constater le déficit de prise en charge en matière alimentaire, sanitaire et de logements dans les villes de grande concentration.
Nous exhortons le gouvernement, à travers le ministère en charge de la Solidarité nationale et de l’Action humanitaire, à prendre les dispositions idoines pour y remédier. Pour ce faire, nous lançons un appel solennel à nos partenaires bilatéraux et multilatéraux à accompagner la transition comme ils l’ont fait ailleurs. Sans tomber dans un optimisme béat face au bilan encourageant du chef de l’Etat, il y a certains aspects que la transition a occultés.
Nous déplorons, en effet, l’insuffisance de l’implication des politiques et de leur engagement dans la conduite de la transition. Toute chose qui nous permettrait d’aller rapidement vers la réconciliation nationale. Nous invitons ceux qui sont dans l’immobilisme à s’engager activement pour aider les FDS et les VDP dans leur lourde tâche patriotique de reconquête du territoire national. Nous exhortons une fois de plus le gouvernement de la transition à prendre ses dispositions et à tout mettre en œuvre pour respecter les délais qui lui sont impartis pour un retour de la sécurité et l’organisation des élections dans la transparence.
C’est la condition sine qua non de montrer sa bonne foi au peuple burkinabè, aux partenaires techniques et financiers et à la communauté internationale. Il urge donc de privilégier la reconquête du territoire national, l’installation de l’administration pour au moins un service minimal et, surtout, travailler au retour des personnes déplacées dans leurs localités d’origine tout en garantissant leur sécurité.
Par ailleurs, la Direction du CDP constate la création tout azimut d’OSC, de fronts et de mouvements de toute obédience, se laissant aller dans le criticisme, la violence verbale et physique. Toute chose qui ne contribue pas à asseoir un climat de paix et une cohésion sociale indispensable à la recherche d’une réconciliation et d’une unité nationale.
Le CDP condamne toute violence verbale et physique; appelle à transcender les revendications d’ordre personnel et à privilégier l’intérêt supérieur de la nation par le dialogue.
Nous réitérons notre appel aux militantes, militants et sympathisants du CDP et à l’ensemble du peuple burkinabè à soutenir et à accompagner les organes de la transition pour sa réussite.
Démocratie- Progrès- Justice
Ouagadougou, le 07 septembre 2022
Pour le Bureau Politique National
Le Président du parti
Eddie KOMBOIGO