Accueil A la une Expulsion de l’ambassadeur rwandais de la RD Congo: quid des relations...

Expulsion de l’ambassadeur rwandais de la RD Congo: quid des relations entre les deux pays?

0
Paul Kagame (à gauche) et Félix Tshisekedi

Qu’on le veuille ou non, c’est la «raison qui gouverne le monde», selon Hegel. La RD Congo, après une attitude servile devant le Rwanda, tout au long du régime Tshisekedi, a fini par décider d’expulser, samedi 29 octobre, l’ambassadeur du Rwanda Vincent Karega. La coupe a-t-elle vraiment débordé, au vu de la conquête du terrain par les rebelles du M23?  Ou est-ce le triomphe de la rationalité hégélienne, posant que l’Histoire ne s’écoule pas en dehors d’une certaine rationalité, laquelle a ainsi ramené Félix Tshisekedi sur le droit chemin? Quoi qu’il en soit, les rebelles sont aux portes de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu.

Or, il était irrationnel d’accuser le Rwanda devant l’Assemblée générale de l’Onu, comme pays agresseur, caché derrière le M23, d’un côté, et de continuer à garder la présence de l’ambassadeur de ce dernier pays en RD Congo, de l’autre. Il est vrai que cette décision vient de tomber sur le tard, après moult tergiversations de Tshisekedi, inspirées sans doute par son incompréhension du rôle qu’il est appelé à jouer, en qualité de président de la République. Ou pour d’autres raisons comme celle qui est souvent mise en avant, alléguant notamment le fait que Tshisekedi est la marionnette de Kigali…

L’expulsion de l’ambassadeur rwandais, c’est tout à la satisfaction de plusieurs opinions congolaises. Mais quid des relations diplomatiques entre les deux pays? A l’examen, il ressort que le porte-parole du gouvernement de la RD Congo, sur la base des résolutions du Conseil supérieur de la défense – une réunion qui a été personnellement dirigée par le président de la République – n’en fait aucune mention. Le ministre de la communication et médias qui assure cette fonction, en conclusion, a tout simplement laissé entendre que le «chef de l’Etat s’adressera à la nation dans les prochains jours».

Qu’aurait pu faire le gouvernement congolais? Dans «l’acte d’accusation» contre le Rwanda – et ce depuis quasiment deux décennies- on relève le fait qu’à chaque fois il y a une rébellion dans l’est du Congo, on y voit planer l’ombre de Kigali et de Paul Kagame. Souvent, avec des preuves tangibles, à l’appui. Celles-ci sont souvent également certifiées par d’Organisations non gouvernementales internationales, à l’instar d’Amnesty international ou carrément par les instances de l’Onu. Faut-il encore une longue réflexion pour passer à l’acte, la faute dans le domaine des relations internationale étant plus que lourde? Compte tenu de sa récidivité, mais surtout par rapport aux conséquences incalculables qu’elle entraîne sur le plan humanitaire?

Le «Système Kagame» demeurera

«Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose», dit l’adage. En RD Congo, on commence à s’approcher de cet instant de vérité. Que restera-t-il aujourd’hui d’éloges tressés par le président congolais à l’endroit de son homologue rwandais, sinon des «Eloges de la Folie»? Il s’agit là du célèbre ouvrage élaboré par Erasme, dans une image qui englobe des personnes qui agissent couramment sans faire appel à la raison.

Au moment où ces lignes sont couchées, des milliers de dizaines de gens – trente-cinq mille personnes, selon les estimations de la Monusco -, fuyant les combats dans la région de Rutshuru-Centre et de Kiwanja, sont à la peine. La ville de Goma pourrait tomber dans les prochaines heures ou les prochains jours sans coup férir, l’armée congolaise n’ayant d’armée que le nom. Pourtant, dans la «ruse de la raison», le porte-parole du gouvernement continuait, samedi, de venter «la résistance» des troupes congolaises.

Karega parti, le «proconsul du Rwanda», l’emprise de Kigali sur Kinshasa cessera-t-elle pour autant? L’ambassadeur n’était sans doute que la partie visible de l’iceberg. Le «système Kagame» demeurera, tant que ses pions, en nombre, resteront imbriqués dans toutes les institutions congolaises. Cela suppose le départ de Tshisekedi. Rien d’autre.

Par Jean-Jules LEMA LANDU, journaliste congolais, réfugié en France