L’opposition politique a « condamné l’attitude » des manifestants de la Poste Burkina qui ont expulsé Nabi Issa Coulibaly, directeur général, des locaux de l’institution. L’organisation de la trentaine de partis a signifié au cours de sa traditionnelle conférence de presse hebdomadaire tenue ce mardi 14 mai 2019, que de « tels comportements, quelles que puissent être les justifications, sont aux antipodes des valeurs qui doivent régir le vivre et le travailler ensemble dans notre pays ».
Chaque mardi, les opposants tiennent une conférence de presse sur l’actualité nationale et internationale et donnent leur position. Cette semaine, la conférence a été animée par Jean-Hubert Bazié, président de l’ESPOIR et Amadou Diemdioda Dicko, quatrième vice-président de l’Union pour le progrès et le changement (UPC). Ces deux opposants ont entretenu les journalistes autour des sujets dont la relance du dialogue politique, les attaques contre les différentes communautés religieuses, l’expulsion du directeur général de la Poste Burkina et enfin le déclassement d’une partie de la forêt de Kua, à Bobo-Dioulasso.
Sur le premier point, à savoir la relance du dialogue politique, l’opposition dit tenir toujours compte de ses préalables évoqués lors d’une conférence de presse précédente visant entre autres un statut et un cadre réglementaire du dialogue. Par lettre datée du 08 mai 2019, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré a accepté le principe d’un « comité préparatoire » qui sera présidé par Siméon Sawadogo, ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale, a confié Jean-Hubert Bazié. « Le Chef de file de l’opposition (CFOP) a donc transmis la liste de ses représentants au ministre d’Etat. Ce comité aura pour mission de proposer une feuille de route pour le dialogue », a-t-il ajouté.
Les populations burkinabè ont été une fois de plus endeuillées le dimanche 12 mai, après qu’un prêtre et cinq fidèles catholiques de Dablo, une localité située au Nord du pays, ont été lâchement assassinés en pleine messe par des terroristes. « Le 28 avril 2019, c’était le pasteur de Sirgadji dans le Soum et cinq de ses fidèles qui ont été abattus dans leur Eglise. Ces tueries viennent s’ajouter aux assassinats de nombreux leaders musulmans et coutumiers », ont rappelé les conférenciers avant de présenter au nom de l’opposition politique, leurs condoléances aux familles éplorées et aux communautés religieuses concernées.
De toute évidence, estime l’opposition, « ces actes criminels visent à créer un affrontement entre les différentes couches socio-religieuses de notre pays ». Face à la situation de crise sécuritaire que traverse le Burkina Faso, elle a appelé à la vigilance, au maintien et au renforcement de la tolérance ainsi que du vivre-ensemble.
Après avoir rappelé les circonstances dans lesquelles l’opposition a appris ce qui se passait au niveau de la Poste Burkina, « de prime abord, sans rentrer dans la polémique sur les explications des différentes parties, l’opposition politique dit ne pas cautionner un acte, quel qu’il soit, qui procède de l’incivisme ou de la violence », a dit sans ambages M. Bazié, notant que notre pays est régi par des lois qui indiquent les voies et procédures pour résoudre les conflits nés des relations de travail. « Ces lois garantissent aussi la sécurité des uns et des autres sur les lieux de travail. Il est important que ces lois soient scrupuleusement respectées », a-t-il renchéri.
Cependant, pour l’opposition, le premier coupable de ce cercle de violence, c’est le gouvernement. « C’est le gouvernement qui doit faire preuve de fermeté et, surtout, d’exemplarité. Le gouvernement est lui-même à l’origine de ces situations, parce qu’il a politisé à outrance les postes de direction. Le pouvoir du Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP) cultive l’amicalisme et le népotisme, et excelle dans le parachutage de copains et de parents qui n’ont pas toujours le profil professionnel requis, à la tête des institutions et des sociétés d’Etat jugées juteuses », a terminé sur le sujet, Jean-Hubert Bazié de l’ESPOIR.
Quant au dernier sujet sur la polémique autour de la construction d’un centre hospitalier à Bobo-Dioulasso, l’opposition invite le président du Faso à sonner la fin de la récréation en empêchant que l’hôpital soit construit dans cette forêt quasi-sécuritaire aux ressources vitales. L’organisation bien que soutenant la construction de l’infrastructure hospitalière qui viendra soulager les braves populations, estime que le déclassement d’une partie de la forêt de Kua est « un très mauvais choix ».
Par Bernard BOUGOUM