Ceci est une déclaration des organisations professionnelles des médias demandant l’application du décret de l’exécutif français portant extradition de François Compaoré, mis en cause dans le dossier Norbert Zongo, journaliste d’investigation burkinabè assassiné en décembre 1998.
Le Premier ministre de la République française a signé le 21 février 2020, le décret d’extradition de François Compaoré pour répondre devant la justice burkinabè de son implication présumée dans l’assassinat du journaliste Norbert Zongo et ses trois compagnons. Cette décision de l’Exécutif français fait suite à l’arrêt de la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Paris en date du 05 décembre 2018 qui donnait un avis favorable à l’extradition du prévenu François Compaoré. Cette décision de la Cour d’appel a été à son tour consolidée par l’arrêt de la chambre criminelle de la Cour de cassation du 04 juin 2019 rejetant le pourvoi formé par François Compaoré et ses avocats. Dès lors l’extradition de François Compaoré était devenue inévitable en dépit de toutes les entraves juridiques et politico-diplomatiques imaginées par ses conseils et ses soutiens. Les organisations professionnelles des médias, les journalistes burkinabè et africains, les défenseurs des droits de l’Homme et tous les citoyens épris de justice au Burkina et dans le monde, se rejouissent de cette nouvelle avancée dans le dossier judiciaire du regretté fondateur de l’hebdomadaire d’investigation L’Indépendant. C’est le fruit de plusieurs années de lutte et de sacrifice de toutes celles et tous ceux qui se sont engagés contre l’impunité de ce crime odieux depuis sa commission le 13 décembre 1998. Voilà donc plus de 20 ans que ce crime attend d’être élucidé et pourtant les braves défenseurs de la liberté de la presse et des droits humains n’ont jamais baissé les bras. Plus récemment, le 13 décembre 2019 dernier, une délégation de journalistes burkinabè mobilisés autour des organisations professionnelles des médias s’était rendue à l’Ambassade de France au Burkina Faso où elle a été reçue par le chef de la diplomatie française au Burkina. La délégation était porteuse d’un message des journalistes africains qui lors de la 8ème édition du Festival international de la liberté d’expression et de la presse (FILEP) tenue à Ouagadougou du 27 au 29 septembre 2019 avaient lancé un Appel aux autorités judiciaires et politiques françaises pour l’extradition de François Compaoré. En recevant copie de cet Appel, l’ambassadeur avait promis de transmettre le message et aussi rassurait-il que l’Exécutif français n’entendait pas entraver la justice. C’est avec beaucoup de satisfaction et d’espoir que nous accueillons ce décret qui est une énième victoire de la justice sur la lâcheté du sieur François Compaoré et le dilatoire de ses conseils. Nous n’avons point de doute que François Compaoré et ses avocats iront jusqu’au bout du bout de leur fuite en avant et qu’à aucun moment ils ne voudront s’assumer devant la justice pour leur honneur et encore moins par conviction de leur innocence. Indépendamment des six conditions posées par le décret d’extradition, la justice du Burkina a déjà donné suffisamment de garanties pour assurer à François Compaoré un procès équitable.
Les organisations professionnelles des médias, tout en saluant une fois de plus les avancées enregistrées dans le cadre de l’affaire, demeurent vigilantes et mobilisées. C’est pourquoi, elles :
- appellent les confrères burkinabè, africains et du monde à ne point baisser les bras et à poursuivre avec abnégation le combat pour la vérité et la justice pour Norbert Zongo et ses compagnons : Blaise Ilboudo, Ablassé Nikiema et Ernest Zongo
- appellent les défenseurs de la liberté d’expression et de la presse, des droits de l’Homme, à poursuivre avec détermination le combat jusqu’à l’obtention d’un verdict juste,
- exhortent la justice burkinabè et les autorités judiciaires à assumer et assurer leur rôle avec la plus grande responsabilité pour l’aboutissement de ce dossier.
Ouagadougou, le 11 mars 2020
Ont signé
Pour l’Association des Editeurs et professionnels des médias en ligne
Le Président Cyriaque Paré
Pour l’Association des Journalistes du Burkina (AJB)
Le Président
Guezouma SANOGO
Pour l’Association des Journaux et de la Presse en Langues Nationales (AJPLN)
Le Coordonnateur
Evariste ZONGO
Pour l’Association des Retraités de la Communication et de l’Information (ARCI)
Le Président
Jean-Baptiste ILBOUDO
Pour Le Centre National de Presse Norbert Zongo
Le Président du Comité de Pilotage
Boureima OUEDRAOGO
Pour la Société des Editeur de la Presse privée (SEP)
Le Secrétaire Général
Touwendenda ZONGO
Pour le Syndicat Autonome des Travailleurs de l’Information et de la Culture (SYNATIC)
Le Secrétaire Général
Siriki DRAME
Pour l’Union Burkina des Editeurs des services télévisuels (UBESTV)
Le Président
Issouf SARE