Le 3è FAB Forum, le Forum d’affaires d’Afrique francophone (Francophone Africa business forum) organisé par la Netherlands-African Business Counsil (NABC), la Chambre de commerce néerlandaise pour l’Afrique a eu lieu du 29 octobre au 3 novembre 2017, à Amsterdam. Une trentaine d’entreprises du Burkina Faso y étaient pour faire du business avec leurs homologues néerlandaises et européennes.
Fruit d’une coopération publique-privée, impliquant des partenaires néerlandais et d’Afrique francophone essentiellement, ce 3è FAB Forum a été organisé cette année sous le thème : «Créer des partenariats dans les secteurs de l’eau, de l’énergie et de la logistique». Plus de 300 chefs d’entreprises d’Afrique francophone du Centre et de l’Ouest, ainsi que leurs collègues néerlandais et même européens ont accouru à ce rendez-vous pour y nouer des relations d’affaires.
Quelques vingt-huit entreprises du Burkina Faso évoluant dans les domaines de l’énergie, de l’eau, des transports sont venues à Amsterdam pour faire des affaires avec leurs homologues des Pays-Bas, d’Europe mais aussi des autres pays d’Afrique francophone. En effet, outre le Mali, des entreprises du Bénin, du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée, du Niger, du Togo et du Sénégal sont venues à ce forum, représentées souvent, par leurs fondateurs, présidents de conseils d’administration, directeurs généraux et/ou hauts responsables.
Selon la directrice générale de la NABC, la Chambre de commerce néerlandaise pour l’Afrique, Mme Irene Visser, le FAB Forum vise à offrir aux chefs d’entreprises néerlandais des opportunités d’affaires avec l’Afrique francophone en les connectant à leurs homologues de cette partie du continent. Pour les entreprises des pays francophones d’Afrique, il s’agit de tisser des relations d’affaires avec leurs collègues des Pays-Bas et d’Europe mais aussi de profiter de leurs expériences et expertises dans certains domaines.
En consacrant cette année le thème du FAB Forum à l’eau, l’énergie et la logistique, la NABC touche des secteurs essentiels pour le développement de l’Afrique, a indiqué Mme Visser.
«Nous cherchons à ce que les entreprises néerlandaises puissent avoir des contacts, des contrats avec des entreprises d’Afrique francophone», a dit Mme Visser lors de la cérémonie officielle d’ouverture du Forum le 1er novembre 2017, à Amsterdam.
Pays situé en dessous du niveau de la mer, les Pays-Bas ont su transformer ce qui apparaissait comme un handicap naturel en avantage, s’est félicité, de son côté, Hans Docter, directeur du Développement économique durable au ministère néerlandais des Affaires étrangères, qui représentait le gouvernement des Pays-Bas. Or, dans tous les pays francophones d’Afrique l’accès à l’eau aussi bien pour la consommation humaine que pour la transformation économique demeure une arlésienne et les entreprises néerlandaises veulent faire profiter leurs expertises et leurs expériences dans ce domaine aux entreprises des pays d’Afrique francophone.
Le manque d’énergie est sans conteste le domaine où les populations d’Afrique francophone souffrent le plus. Dans certains pays francophones du continent, moins de 20% des citoyens ont accès à l’électricité malgré les derniers progrès liés à l’énergie solaire. Quant au transport, grâce au port de Rotterdam, le plus grand port d’Europe, les Pays-Bas ont su développer une ingénierie et une industrie du transport et de la logistique dont les pays francophones d’Afrique pourraient s’inspirer.
«L’eau, la logistique et l’énergie ont joué un grand rôle et ont été souvent les moteurs du développement des Pays-Bas», a indiqué M. Docter. «Nous dispositions de potentialités énormes dans ces domaines et nos entreprises sont prêtes à offrir leurs savoirs et savoir-faire aux pays francophones du continent. Nous voulons encourager le commerce, la transformation mais aussi faciliter la création d’emplois durables et aider au développement», a-t-il poursuivi.
«Nous voulons faire du business de manière inclusive. Nous voulons accroître l’accès au marché néerlandais et européen aux entreprises d’Afrique francophone. Nous voulons encourager la coopération entre le secteur privé néerlandais et africain, accroître les investissements privés néerlandais en Afrique francophone tout en renforçant également notre mécanisme d’aide au développement», a-t-il lancé.
Peur de venir en Afrique
Ce FAB Forum a été l’occasion pour les hommes d’affaires néerlandais d’échanger avec leurs homologues d’Afrique francophones lors de rencontres B to B mais aussi d’inter agir au cours des ateliers et des tables-rondes qui ont été organisées durant le forum. Les hommes d’affaires francophones d’Afrique ont également visité de nombreuses entreprises néerlandaises afin de toucher du doigt leurs savoir-faire.
«L’idée pour nous en venant ici est de nouer surtout des partenariats avec les entreprises néerlandaises qui évoluent dans les secteurs stratégiques définis par ce 3è FAB Forum comme l’eau, l’énergie et les transports», a déclaré Félix Sanon, le directeur des services aux entreprises et de la coopération à la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso (CCI-BF).
«Pour nous autres pays du Sahel et de l’hinterland, ce sont des secteurs essentiels. L’expertise dans la logistique est importante pour le transport des marchandises et des personnes, la maîtrise de l’eau et le développement de l’énergie sont des domaines vitaux si on veut le décollage économique et dans ce domaine, nos chefs d’entreprises ont besoin d’élargir les relations d’affaires afin de mieux participer aux chantiers de développement de notre pays», a expliqué M. Sanon qui a profité de ce FAB Forum pour vendre le Forum AFRICALLIA, le plus grand rendez-vous des hommes d’affaires d’Afrique de l’ouest dont la cinquième édition se tiendra à Ouagadougou du 21 au 23 février 2018.
Africallia qui permet en deux jours, aux hommes d’affaires du Nord et du Sud ou du Sud entre eux, de nouer des milliers de relations d’affaires à Ouagadougou contribue fortement à l’intégration des économies de l’Afrique de l’ouest, a déclaré M. Sanon devant le parterre d’hommes d’affaires néerlandais et francophones d’Afrique.
Les hommes d’affaires d’Afrique francophone ont surtout rassuré leurs homologues néerlandais quant à l’évolution positive de l’environnement des affaires dans la plupart des pays. En effet, ils ont indiqué que de nombreuses réformes ont été opérées par les pouvoirs publics pour faciliter la création des entreprises, améliorer le climat des affaires pour attirer davantage d’investissements directs étrangers et faire prospérer les opérateurs économiques locaux. Ils ont surtout insisté sur les questions de sécurité qui freinent souvent l’ardeur de certains chefs d’entreprises européennes.
«Au cours de ces dernières années, l’actualité dans les médias internationaux sur le Mali est focalisée sur les questions de sécurité. C’est vrai, nous avons traversé et traversons une passe difficile en matière de sécurité, mais les investissements sont jusque-là sécurisés et les hommes d’affaires nationaux comme étrangers font jusqu’à preuve du contraire, leurs affaires sans aucune crainte dans notre pays», a assuré le directeur général de l’Agence pour la promotion des investissements au Mali (API-Mali), Moussa Ismaïla Touré.
Pour M. Sanon, si les hommes d’affaires néerlandais ne se ruent pas vers les pays d’Afrique francophone où il y a pourtant d’énormes potentialités d’investissement, c’est d’abord par manque d’information.
«Les hommes d’affaires néerlandais ne connaissent pas beaucoup nos pays. Et quand on manque d’information, quand on ne connaît pas, quand on ne dispose pas assez de connaissances sur une personne, une région on a tendance d’abord à observer et même à se méfier. En plus, les problèmes sécuritaires de ces dernières années sont venues renforcées ce sentiment de méfiance, mais nous leur avons dit au cours de ce forum que les questions sécuritaires, notamment de terrorisme dont on parle tant, ne sont pas l’apanage des pays d’Afrique», a dit M. Sanon.
«Les terroristes tuent partout dans le monde. En Europe, on poignarde les gens sur des trottoirs, on utilise des véhicules pour écraser des foules, ce n’est pas pour autant que la vie et les affaires s’arrêtent. Nous aussi, nous continuons de vivre et de faire des affaires malgré les attaques terroristes et les investisseurs néerlandais, européens ou autres ne devraient pas avoir peur de venir chez nous commercer, faire des affaires, investir simplement. Nous, nous venons chez eux sans crainte, il n’y a pas de raison qu’ils aient peur de venir chez nous. Le risque est maintenant partout, la mort aussi est pourtant…», a assuré, mi philosophique mais très optimiste, ce haut fonctionnaire de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso.
Organisé pour la première fois en 2015, le FAB Forum est une initiative de la NABC et les chambres de commerce du Burkina Faso, du Mali et du Niger. Les Agences de promotion des investissements ainsi que les Maisons d’entreprises du Mali et du Burkina Faso en sont également des partenaires. Le FAB Forum qui envisage s’ouvrir davantage est aussi fortement soutenu par le gouvernement des Pays-Bas. La NABC regroupe plus de 350 entreprises néerlandaises qui investissent en Afrique.
Romaric Ollo HIEN
Ambassade du Burkina Faso à Bruxelles
Représentation auprès de l’UE