Le personnel du Lycée Philippe Zinda Kaboré (LPZK) a indiqué le jeudi 2 septembre 2021 que les raisons avancées par les autorités éducatives pour fermer le plus grand établissement scolaire public du Burkina « ne tient pas et ne convainc personne ». Face aux femmes et hommes de médias à la Bourse du Travail de Ouagadougou, le personnel a « dit non » à la fermeture du LPZK et a exhorté le gouvernement «à reconsidérer sa décision».
Le personnel du LPZK a animé une conférence de presse aux allures d’une assemblée générale dans la plus grande salle de rassemblement du QG des syndicats du Burkina Faso sur la fermeture du lycée Zinda qui divise les Burkinabè. Face aux journalistes, le personnel du Zinda pense que les « éléments avancés » par le gouvernement « sont risibles » et estiment que « les autorités font preuve de légèreté dans la valse cavalière de près de 4 000 élèves dans les établissements de la ville à quelques jours de la rentrée scolaire ».
Les orateurs du jour rejettent avec force, l’argument selon lequel, l’établissement ne fonctionne pas. « Contrairement à ce que l’administration veut nous faire croire, le matériel informatique et les données nécessaires au fonctionnement de l’établissement sont restés intacts », a martelé le conférencier principal, Karim Toussakoé, l’un des délégués du personnel. M. Toussakoé qui a rappelé que « depuis sa création en 1953, le Lycée Philippe Zinda Kaboré a connu des moments difficiles à différentes périodes critiques du pays. Cependant, il n’a jamais fait l’objet d’une quelconque fermeture (même sous les régimes d’exception) jusqu’à l’arrivée du régime MPP (Mouvement du peuple pour le progrès) et alliés ».
« Assurément les jours sombres que traverse ce symbole national (LPZK) de la lutte scolaire contre les velléités de destruction du système éducatif, contre l’injustice et l’arbitraire, semblent dessiner l’assaut décisif d’une politique anti-éducative que l’on veut imposer à toute la Nation », a estimé M. Toussakoé.
Le ministère a annoncé la réaffectation de près de 300 membres du personnel, tous profils confondus, dans les établissements de Ouagadougou et d’autres localités du pays. Mais, « comment un fonctionnaire peut être affecté par l’Etat à quelques jours de la rentrée », a lancé Karim Toussakoé, s’insurgeant que les élèves du « Noble Zinda » soient présentés à l’opinion comme des « vandales, des enfants mal éduqués qui ne veulent pas travailler », surtout, que le ministre Stanislas Ouaro « ne s’est pas gêné pour revendiquer devant les médias les bons résultats des examens au lycée Zinda qui sont supérieurs à la moyenne nationale : plus de 48% d’admis au BEPC ; BAC série C : 64,21% ; BAC série A : 63,85% ; BAC série D : 41,42% ».
« Ces résultats, les élèves le doivent à leur travail et à l’encadrement des personnels », a-t-il enchaîné
Selon les conférenciers, la mesure de fermeture du LPZK, le 24 mai 2021 suite aux manifestations violentes du 17 du même mois, et le démarrage du processus de son « démantèlement depuis le 27 Août 2021 », interviennent dans un contexte marqué par des « reculs importants dans les avantages auxquels peuvent prétendre les acteurs du système éducatif ». Ils ont cité notamment « la difficulté pour le gouvernement d’appliquer le Protocole d’accord qu’il a signé avec les syndicats d’enseignants ; la remise en cause de la gratuité, des bourses scolaires qui ont fait leur retour depuis 2017 après une suppression totale qui a duré deux décennies et l’incapacité à faire fonctionner les cantines scolaires pour les élèves démunis malgré les milliards investis par l’Etat (plus de 17 milliards en 2020, etc.) ».
A en croire Karim Toussakoé et ses camarades, sur les raisons qui ont conduit à la fermeture du plus grand lycée du Burkina, on peut ajouter « les tentatives de supprimer les sujets au choix en Histoire-Géographie et en Science de la Vie et de la Terre, le second tour aux examens et de transformer le bac en diplôme de fin de cycle de l’enseignement secondaire sur fond de dégradation des conditions d’études des élèves des établissements publics (qui) sont intervenus comme l’étincelle qui a mis le feu aux poudres».
Les protestations et les manifestations d’élèves ont émaillé « tout le deuxième trimestre de l’année 2020-2021. Tout le pays a assisté à la violente répression digne d’un Etat d’exception que le gouvernement a abattue sur les jeunes manifestants entraînant deux morts et de nombreux blessés », ont-ils dénoncé, tout comme les manifestants qui se sont adonnés au saccage de certains locaux et matériels du plus grand lycée du Burkina Faso.
Le ministre de l’Education nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues nationales (MENAPLN), Pr Stanislas Ouaro, avait justifié la fermeture du lycée Zinda par la non existence de base de données de l’établissement, le saccage de plusieurs matériels et de longues distances que parcourait la majorité des élèves pour rallier l’école, entre autres.
Par Bernard BOUGOUM