A l’orée de la fête de Noël et de la Saint Sylvestre, les commerçants de la ville de Ouagadougou sont dans le désarroi, se plaignant de la mauvaise marche des affaires. Selon certains, cette situation est causée par la double crise sécuritaire et sanitaire qui frappe le Burkina Faso.
Les moments de fêtes sont des périodes prolifiques pour les commerçants qui en profitent pour fructifier leurs affaires. A quelques jours de la Noël (le samedi 25 décembre) et de la Saint Sylvestre (1er janvier) , les artères de la capitale burkinabè sont prises d’assaut par les commerçants qui exposent leurs marchandises aux clients qui se comptent du bout des doigts.
Ils sont une dizaine, les exposants qui se sont installés le long de la Cathédrale, au centre-ville de la capitale du pays des Hommes intègres. Ousséni Pierre Achille Ouédraogo est fabricant de crèches pour enfants et de grottes. Il les expose, accompagnés de statuts et bien d’autres objets, à quelques dizaines de mètres de la porte d’entrée principale de la Cathédrale. Le quadragénaire explique qu’il est installé à cet endroit depuis le 11 décembre dernier pour avoir du marché à l’orée de la fête de la naissance du Christ.
«Tout le monde pleure, il n’y a pas d’argent», se plaint-il, confiant qu’il n’y a pas d’affluence, et que le marché est donc «assez mauvais», contrairement aux années antérieures. Il raconte, en substance, qu’il vient en ces lieux depuis 6h et demi et ferme boutique aux environs de minuit. Chez Ousséni Pierre Achille Ouédraogo, les prix vont de 7 000 à 30 000 F CFA, et M. Ouédraogo peut repartir le soir avec 100 000 F CFA dans sa besace.
A quelques mètres de ce fabricant de crèches, Mme Ouédraogo propose aux clients des pagnes et des objets de piété dont des croix, des amulettes, des statuts de la vierge Marie, des tableaux… «Il faut diversifier les ventes pour toucher beaucoup de personnes», affirme-t-elle. Elle indique que ses prix sont «assez accessibles». Le prix des tableaux est fixé à 3 000F CFA, alors que les pagnes sont vendus à des prix entre 1 000 et 2 000 F CFA.
«Ce n’est pas facile, on se lève à 4h du matin pour faire la cuisine et on vient vendre à partir de 6h 30 pour finalement rentrer à 18h», raconte ainsi Mme Ouédraogo, son emploi de temps de la journée. Pour elle, «même si on n’a pas d’argent, s’il y a la santé, on rend grâce à Dieu», s’encourage-t-elle. Elle note qu’elle peut effectuer des ventes d’environ 100 000 F CFA si le marché est fluide et moins de 50 000 la journée quand «ça ne va pas du tout». Elle déplore tout de même le manque d’affluence des acheteurs, qu’elle lie à la situation d’insécurité que vit le pays.
A l’image de Mme Ouédraogo, plusieurs autres femmes exposent devant la Cathédrale, des pagnes de Noël, des objets de culte et de décoration. Les clients, eux, se font rares, plongeant les nombreux commerçants dans le doute et la désolation. Certains ont même refusé de se prêter à notre micro expliquant qu’ils n’ont pas de marché.
A l’entrée nette de la Cathédrale, Mme Conombo est accompagnée d’une amie avec sa petite fille. Elles sont venues acheter des pagnes pour célébrer la fête de la Nativité. Cette dame au-dessus de la soixantaine explique qu’elle est à sa première course dans le cadre des préparatifs de la fête, mais elle trouve le marché «difficile». Elle laisse entendre que cette fête est pour les plus jeunes, et qu’il appartient à eux, aînés, de s’occuper des enfants pour les rendre heureux et leur éviter le phénomène du banditisme. Elle se préoccupe de la situation sécuritaire que traverse le Burkina Faso et tout son souhait est que «la naissance du Christ puisse apaiser les cœurs avec un retour de la sécurité dans le pays».
L’ambiance, au grand marché de Ouagadougou, n’est pas si différente. Ce marché est plein de monde, entre commerçants et acheteurs venus se trouver de quoi rendre leurs familles heureuses le jour de la fête. Marius Bado est avec ses petites filles qui l’accostent. Il dit être venu leur trouver des objets de jeu pour agrémenter leur fête. M. Bado trouve les prix des marchandises trop élevés et souligne que les commerçants cherchent à profiter des moments de fête. Il marchande avec un vendeur de crèches qui en demande plus pour sa marchandise dont le prix est fixé à 35 000 F CFA.
Yacouba Kouanda est lui aussi un exposant au grand marché. Il vend entre autres, des arbres de Noël, des objets de décoration, des jeux de lumière. A l’en croire, il expose dans cet espace depuis un mois, pourtant le marché n’est toujours pas à la hauteur de ses espérances, fait-il savoir. Ses ventes journalières s’évaluent entre 75 000 et 100 000 F CFA. Des chiffres bien en deçà de ceux des années précédentes, selon M. Kounda. «Avec le coronavirus et le terrorisme, les gens n’ont plus d’argent, tout est devenu cher», se désole-t-il. Il souhaite que cette situation puisse trouver une meilleure issue afin qu’ils (les commerçants) puissent s’épanouir dans leur métier.
Par Siaka CISSE (Stagiaire)