Accueil Opinion Fin de Barkhane: reconnaissance de l’échec ou changement de marque?

Fin de Barkhane: reconnaissance de l’échec ou changement de marque?

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Emmanuel Macron a prononcé la fin de l'opération Barkhane

A travers ce document, Issa Keita donne son opinion sur la fin officielle de l’opération anti-djihadiste Barkhane au Sahel, annoncée le mercredi 9 novembre lors d’une visite dans la ville de Toulon.

«Trois mois après le départ des troupes françaises du Mali, Emmanuel Macron en visite à Toulon mercredi 9 novembre, là où il annoncera la fin officielle de l’opération anti-djihadiste Barkhane lancée en 2014 au Sahel, a indiqué l’Élysée.

Des critiques montent à l’encontre des forces françaises de la part des autorités politiques locales, notamment au Mali. Après neuf ans de lutte anti-djihadiste, les résultats de cet engagement français au Mali «n’ont pas été satisfaisants», malgré des victoires tactiques et l’élimination des chefs djihadistes, le terrain n’a jamais été véritablement repris. La situation sécuritaire ne cesse de se dégrader et la présence des militaires français est décriée non seulement par le gouvernement de transition mais aussi par la population, qui a protestée à plusieurs reprises dans des manifestations exigeant le départ des derniers militaires français présents dans le pays.

À la mi-août Bamako avait saisi et porté plainte contre la France devant le Conseil de Sécurité en réclamant la tenue d’une réunion d’urgence visant à faire un point sur la situation dans le pays. Les autorités maliennes ont accusé Paris de violer son espace aérien, d’espionnage, ainsi que de soutien aux groupes djihadistes dans le pays, en leur apportant des renseignements et en leur «larguant des armes et des munitions». Dans une lettre adressée par le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, à la présidence en exercice chinoise du Conseil de sécurité de l’ONU transmise ensuite à des journalistes par ses services et abondamment reproduite sur les réseaux sociaux, elle dénonce les «violations répétitives et fréquentes» de l’espace aérien national par les forces françaises au cours des derniers mois, et les vols d’appareils français se livrant à «des activités considérées comme de l’espionnage» et des tentatives «d’intimidation».

Les autorités maliennes prétendent disposer de plusieurs éléments de preuve selon lesquels ces violations flagrantes de l’espace aérien malien ont desservi la France pour collecter des renseignements au profit des groupes terroristes opérant dans le Sahel et pour leur larguer des armes et des munitions.

Cependant, à l’exclusion de Barkhane, 3 000 militaires français sont encore déployés dans le Sahel, notamment au Niger, au Tchad et au Burkina Faso. La France compte réexaminer et modifier sa stratégie régionale, pendant que le sentiment anti-français ne cesse d’augmenter en Afrique.»

Issa Keita