Accueil A la une Fonction publique burkinabè: le SYNAGRH dénonce une gestion «scabreuse et clanique»

Fonction publique burkinabè: le SYNAGRH dénonce une gestion «scabreuse et clanique»

0
Les responsables du SYNAGRH face à la presse

Les responsables du Syndicat national des gestionnaires des ressources humaines de l’Administration publique (SYNAGRH), ont dénoncé ce jeudi 11 juillet 2019, une gestion « scabreuse et clanique » du ministère de la Fonction publique burkinabè, lors d’une conférence de presse à Ouagadougou. A l’endroit, des milliers de candidats en attente des concours, les agents GRH rassurent de leur volonté à non seulement travailler à débloquer la situation mais aussi à une meilleure organisation des concours de la Fonction publique qui donnerait une égalité de chance tous.

Depuis quelques semaines, un mouvement d’humeur paralyse les services du ministère de la Fonction publique, du Travail et de la Protection sociale (MFPTPS). Pour cause, les travailleurs exigent l’application d’engagement pris par le gouvernement. En effet, le 4 août 2017, un protocole d’accord a été signé entre le gouvernement et le SYNAGRH autour d’une plateforme revendicative. Cet accord prévoyait la mise en place d’un groupe de travail pour réfléchir sur la question de motivation des personnels du MFPTPS et des Directeurs de ressources humaines (DRH) avant fin 2017, mais jusqu’à ce jour ce groupe de travail n’a pu être mis en place, selon le syndicat. Outre ce problème, les conférenciers dénoncent des « traitements discriminatoires qui exacerbent les iniquités entre les agents publics de la même Administration ».

La conséquence de ce mouvement d’humeur est que cette situation impacte le traitement des actes liés à la gestion des ressources humaines dans tous les départements ministériels et institutions. Pour le syndicat, au lieu d’inviter le SYNAGRH à la table des discussions, le MFPTPS, Pr Séni Ouédraogo, « s’est lancé dans une cabale mensongère en produisant un rapport fallacieux en Conseil des ministres en date du 27 juin 2019 où il relève l’intransigeance du SYNAGRH et demande l’autorisation du Conseil des ministres pour recourir à d’autres personnels et/ou structures pour organiser les concours ».

« Plus aucun doute ne subsiste désormais quant au constat d’échec du Pr Séni Ouédraogo à la tête du  MFPTPS », a enfoncé  le secrétaire général du SYNAGRH, Souleymane Zoromé, signifiant qu’« aucun cadre de concertation ne fonctionne, ni au sein du ministère ni au niveau national ». Le ministère de la Fonction publique fonctionne « actuellement dans un flou artistique voulu et entretenu par son premier responsable », a continué M. Zoromé qui dénonce une « gestion scabreuse, opaque, amateuriste et clanique ».

Et cela, s’est-il inquiété, risque de « déstructurer la Fonction publique du fait de l’immixtion fréquente du Cabinet du ministre dans des activités qui relèvent de la compétence de structure de métier », citant les cas de « l’opération de recensement géographique des fonctionnaires, de celle de recensement des agents  en situation irrégulière ou encore de l’élaboration de l’organigramme-type des départements ministériels ».

Le secrétaire général du SYNAGRH, Souleymane Zoromé

Connue pour être l’une des activités phares du MFPTPS, l’organisation des concours pourrait se faire dans des conditions « calamiteuses avec un risque énorme de fraude », selon le syndicat des ressources humaines de la Fonction publique. « Cette année, il est prévu le dépôt des candidatures aux concours directs en ligne. Au regard de la qualité du réseau (des téléphonies mobiles), on se dirige tout droit vers un fiasco, car il est à craindre que des milliers de candidats ne puissent pas candidater », a indiqué Souleymane Zoromé.

Les concours directs de 2018 ont été marqués par la diminution du nombre de postes à pourvoir de 40%. Cette tendance se poursuit pour l’édition 2019. Mais, curieusement, on constate que, le nombre, de postes à pourvoir au niveau des recrutements sans concours, par simple sélection sur dossiers (mesures nouvelles ordinaires), tous niveaux confondus (du CEP au Master), s’élève à « 1 124 », a fait remarquer le secrétaire général du SYNAGRH qui a conclu que ce type recrutement constitue « une violation fragrante du principe d’égal accès aux emplois publics reconnus à tous les Burkinabè ». Sur ce sujet, le syndicat dénonce des « recrutements politiques et clientélistes ».

Les conférenciers ont salué la décision du Conseil des ministres tenu hier qui instruit les responsables du ministère à reprendre le dialogue avec les partenaires sociaux pour une meilleure organisation des concours de la Fonction publique, session 2019.

Revenant aux conséquences de la crise qui prévaut au MFPTPS, le syndicat estime que faire une fixation sur l’organisation des concours, constitue une méconnaissance grave des missions dévolues aux GRH et de leur responsabilité. Le SYNAGRH en veut pour preuve le fait que plusieurs actes de carrière sont de nos jours en souffrance dans les structures de gestion des ressources parmi lesquels « plus de 10 000 actes d’intégration et de reclassement à élaborer au profit des sortants des écoles et centre de formation professionnelle, plus de 100 000 agents à avancer sur la période 2017-2018 et le bouleversement du calendrier de la rentrée dans les écoles et centres de formation professionnelle ».

C’est pourquoi le syndicat a interpellé le Premier ministre, Joseph Marie Christophe Dabiré et le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré qu’ils se saisissent de cette crise du MFPTPS.

Par Bernard BOUGOUM