Dans des communes du Burkina Faso comme Houndé (Hauts-Bassin), Soaw (Centre-Nord) et Dédougou (Boucle du Mouhoun), des Comités de dialogue et de veille citoyenne (CDVC) ont été mis en place pour veiller à la bonne utilisation des finances publiques. Du 8 au 11 mars 2023, une caravane de presse a permis à une dizaine d’hommes de médias membres de l’Action des journalistes sur les mines au Burkina Faso (AJM-BF) de constater les réalisations faites grâce au Fonds minier de développement local et le niveau de participation citoyenne et de la redevabilité dans la gestion des affaires locales dans ces localités.
L’ONG Oxfam au Burkina Faso en collaboration avec ses partenaires que sont CERA/FP, ORCADE et RECIBOG met en œuvre le projet: «Pour un programme de renforcement de la participation citoyenne et la redevabilité dans la gestion des finances publiques» phase II dans les communes de Soaw, Dédougou et Houndé. C’est dans ce cadre que les CDVC ont été mis en place et les membres formés en plaidoyer et veille citoyenne en vue de leur permettre de mieux suivre la gestion des ressources financières des communes.
La caravane de presse qui a quitté Ouagadougou le 8 mai 2023, a mis, d’abord, le cap sur Houndé où les journalistes ont pu constater la réalisation d’un CSPS à Dankari (2020-2021), village situé à 21 km de la ville, la construction d’un CEG à Koho (novembre 2022-avril 2023), d’une clôture et des boutiques au complexe scolaire Gniehoun Hafanki au secteur 3 et une cinquantaine de boutiques en construction au nouveau marché de Houndé.
De 2018 à 2022, c’est au total 7 028 255 692 que la commune de Houndé a bénéficié comme fonds minier de développement local qui lui a permis de réaliser, entre autres, les infrastructures ci-dessus citées. La première tranche s’élevait à 189 070 753, deuxième tranche 747 756 821, troisième tranche 1 213 233 041, quatrième tranche 1 015 190 760, cinquième tranche 1 355 346 298, sixième tranche 1 417 227 698 et la septième tranche 1 090 430 321.
«On apprécie ce que nous avons reçu» comme tranches «sans faire un clin d’œil sur les défis qui se présentent à nous parce que si vous appréciez les défis vous-vous rendrez compte que les sept milliards qui sont mis à notre disposition ne sont pas à la hauteur», a fait savoir le président de la délégation spéciale de Houndé, Souleymane Dianda, soulignant que la ville de Houndé n’a pas un seul caniveau pour drainer les eaux de la ville et les voies sont dans un état de dégradation assez avancée. Mais il a soutenu que les tranches qui sont allouées à sa commune permettent de mettre en œuvre un certain nombre de projets, déclarant que grâce au fonds minier de développement, sa commune s’est hissée à un niveau fort appréciable.
Selon M. Dianda, en terme d’infrastructures scolaires, l’offre est assez acceptable. «C’est d’abord une priorité pour nous de faire en sorte que tous les enfants de Houndé, grâce au fonds minier, puissent accéder de façon aisée aux écoles. Dans ce domaine, on a construit pas mal d’écoles. Aujourd’hui le taux d’accès est assez acceptable», a-t-il poursuivi, affirmant qu’au niveau du secteur de la santé, la commune a autour de 14 CSPS pour 15 villages et cinq secteurs. Ce qui fait qu’en terme d’offre le niveau est très appréciable. «Ce qui veut dire que l’utilisation des ressources du fonds minier répond aux conditions dictées par le décret», selon le PDS de Houndé.
Le Fonds minier de développement local a été créé par le Code minier de 2015 et est opérationnel depuis 2009. Il est utilisé dans le financement des projets dans les secteurs de l’eau, l’assainissement, la santé et l’éducation, selon les plans communaux de développement.
La deuxième commune qui a reçu la visite de la caravane, c’est celle de Soaw dans le Centre-Ouest du Burkina Faso. Cette commune bénéficie aussi du Fonds minier de développement local. A ce jour, elle a reçu au total 151 171 732 F CFA, soit 17 533 533 à la 1ère tranche, 23 360 314 à la 2ème tranche, 19 711 998 à la 3ème tranche, 21 691 577 à la 4ème tranche, 23 121 583 à la 5ème tranche, 23 953 243 à la 6ème tranche et 21 799 484 à la 7ème tranche.
Grâce à ce fonds, la commune a également réalisé des infrastructures, notamment dans le domaine de l’éducation et la santé et d’autres infrastructures réhabilitées. Il s’agit, entre autres, un bâtiment administratif, un dépôt pharmaceutique, des latrines, des forages.
Selon le vice-président de la délégation spéciale de Soaw, Abdoul Dramane Séni, les réalisations se font en fonction des besoins, des priorités, informant la presse qu’il y a d’autres réalisations et réhabilitation de forages qui sont prévues et qui seront faites sur la base du Fonds minier de développement local.
La commune de Dédougou quant à elle a bénéficié en tout 213 358 610 F CFA comme fonds minier de développement local. La 1ère tranche était de 22 387 834, la 2ème tranche 26 799 750, la 3ème tranche 33 097 942, la 4ème tranche 30 228 568, la 5ème tranche 32 708 897, la 6ème tranche 34 051 417 et la 7ème tranche 34 084 202. Là également des infrastructures ont été réalisées, notamment dans la santé, l’eau et l’éducation.
Si le fonds minier de développement local a permis la réalisation des infrastructures dans ces communes, il y a des infrastructures qui sont jusque-là inexploitées. C’est le cas du CSPS de Dankari dans la commune de Houndé dont la construction est achevée depuis 2021. «Nous, notre plaidoyer est que le CSPS fonctionne au bonheur de la population. On souhaite que chaque village bénéficie d’un CSPS», a fait savoir le président du Comité de dialogue et de veille citoyenne de Houndé Adama Traoré. Mais selon le PDS Dianda, le CSPS n’est pas fonctionnel pour le moment du fait de la situation sécuritaire. Il a laissé entendre que Dankari avoisine des villages à fort défi sécuritaire.
Selon les autorités communales de Houndé et de Soaw que nous avons rendu visite, la collaboration entre elles et les CDVC sont au beau fixe, notant que c’est une chance de les avoir à leurs côtés car ils leur permettent de mieux orienter leurs actions, à travers leurs interpellations et plaidoyers. Une collaboration qu’elles apprécient positivement.
Par Daouda ZONGO