Accueil Chez nos confrères Football Leaks : Chelsea ciblé par la FIFA pour des transferts de...

Football Leaks : Chelsea ciblé par la FIFA pour des transferts de mineurs, dont celui du Lyonnais Bertrand Traoré

0

Selon des documents Football Leaks dévoilés mardi par Mediapart, l’attaquant burkinabé de l’OL était encore mineur lorsque les Blues l’ont enrôlé. Une infraction croissante en Europe que la Fifa peine à sanctionner.

L’attaquant Bertrand Traoré, transféré à l’été 2017 à l’OL en provenance de Chelsea pour 10 M€, était mineur lorsque les Blues l’ont recruté en 2010 ou 2011 au Burkina Faso contre 400 000 livres (460 000 euros), et son cas, parmi d’autres similaires reprochés par la Fifa au club de Londres, a fait l’objet d’une demande de sanction par le rapporteur de la commission de discipline de l’instance pour – entre autres – « transfert international illégal de mineur », rapporte Mediapart, mardi, documents Football Leaks à l’appui.

Le club anglais risque gros : selon le média en ligne, le service Intégrité et Conformité de la Fifa, qui correspond au premier des trois niveaux de contrôle des transferts au sein de l’instance mondiale, a proposé de frapper les Blues d’une interdiction de transferts de quatre mercatos, pour des infractions portant sur 19 joueurs, dont 14 mineurs transférés illégalement. Pour le seul Traoré, 23 ans aujourd’hui, le rapporteur a demandé que Chelsea soit privé de transferts pendant un mercato.

« Mauvaise foi »

Sauf exceptions, la FIFA n’autorise les transferts de joueurs âgés de 16 à 18 ans qu’entre clubs de l’Union Européenne. Officiellement, Chelsea a enregistré l’arrivée de Traoré en 2014, après ses 18 ans (il est né le 6 septembre 1995), mais des révélations de presse ont conduit la Fifa à ouvrir une première enquête, refermée faute de preuves en 2013, puis une seconde, en octobre 2015, lorsqu’il a été notamment avéré qu’il avait joué, en octobre 2011 (à 16 ans), un match contre les U18 d’Arsenal.

À la Fifa qui pointait sa « mauvaise foi », le club a alors fini par avouer avoir acquis une option sur le joueur auprès de sa mère, quand il avait 15 ans, contre 177 000 euros, plus 15 000 euros pour son club, l’Association Jeunes Espoirs de Bobo-Dioulasso.

Ce n’est pas tout. Pour la Fifa, le club « a payé l’école [privée du joueur] en Angleterre [de 2011 à 2013] alors qu’il était mineur », et il « a aidé et facilité le déménagement de sa mère et de son frère ». Des coups de pouce classiques pour convaincre un jeune joueur et son entourage. Le rapporteur du cas Traoré pointe aussi la durée de l’option, quatre ans et demi, alors qu’un mineur ne peut signer pour plus de trois ans.

Course au jackpot

Entre 2014 et 2016, la commission de discipline de la Fifa a déjà épinglé le FC Barcelone, l’Atlético de Madrid et le Real Madrid pour des transferts illégaux de mineurs, mais Mediapart souligne que, submergée par le nombre d’enquêtes ouvertes sur ce phénomène croissant (les demandes d’enregistrements pour des joueurs mineurs auprès de la Fifa ont doublé entre 2011 et 2017), elle tarde désormais à sanctionner. Dans le dossier de Chelsea, le rapporteur, désigné en 2016, n’avait pas encore été auditionné en janvier 2018. Idem celui désigné dans une procédure visant Manchester City, dans le collimateur depuis octobre 2015 pour sept transferts illégaux de mineurs.

Mediapart raconte encore comment la Fifa est parfois alertée par un club qui s’estime spolié par un autre. C’est le cas de l’AJ Auxerre, dont le président, Francis Graille, s’est plaint en décembre 2017 qu’un jeune Franco-Gabonais formé dans l’Yonne ait signé pour le RB Salzbourg avant ses 16 ans. Dans son courrier à la Fifa cité par Mediapart, l’ancien président du Losc et du PSG soupçonne aussi le club autrichien d’avoir enregistré le joueur dans un club satellite sous statut amateur pour éviter de verser à l’AJA une indemnité de formation. Voilà bien le coeur du sujet : si tant de clubs aimantent des mineurs, quitte à jouer avec les règles, comme Monaco en France, selon d’autres Football Leaks dévoilés mardi, c’est qu’ils peuvent rapporter le jackpot. 

J. LB.