Le Sahel est progressivement en train de tomber sous pavillon djihadiste. Le quotidien, dans cette zone où les terroristes et autres bandits du même acabit ont établi leur bastion qu’ils sont en train de consolider en citadelle imprenable, est rythmé par des attaques dont le modus operandi change peu. Désormais, évitant le combat frontal, les assaillants privilégient les mines dont les explosions provoquent plus de morts en un temps record. Ce mardi 31 août, le centre du Mali qui devient, en plus du nord du pays, une cible aux mains des terroristes, a connu sa énième attaque en quelques semaines. Le bilan de 6 morts dont un civil et cinq militaires pourrait être considéré bien moindre aux comptabilités macabres précédentes. Cependant, il est plus lourd qu’au Burkina Faso où les mêmes mines ont provoqué que des blessés. Mais la véritable inquiétude se situe au niveau de l’absence d’une riposte conséquente à la force de feu des djihadistes qui écument le Sahel, presqu’au nez et à la barbe des casques bleus de la Minusma et des éléments de la force française Barkhane.
Malheureusement les soldats de la Force du G5 Sahel, qui connait un accouchement difficile, ne sont toujours pas en mesure de dégainer, le nerf de la guerre faisant défaut. Les efforts de l’Union européenne, les contributions de la Mauritanie, du Tchad, du Burkina Faso, du Mali, et du Niger, les pays membres du G5 Sahel et la détermination de la France, n’arrivent pas à boucler le budget initial de 420 millions d’euros, revu à la baisse pour plus de la moitié. Et comme pour ne rien arranger, les Etats Unis opposent un refus sans détour d’un soutien de l’ONU. A l’instar de la Bonne action (BA) chez les scouts, le dernier geste de 60 millions de dollars que les Américains ont consenti à cracher au bassinet du G5 Sahel n’est qu’une annonce d’aide bilatérale. Et cet assouplissement de la position du pays de l’Oncle Sam intervient du reste qu’après la mort, le 4 octobre dernier, de quatre de ses militaires dans une attaque djihadiste au Niger. Si on part du postulat que ce sont les intérêts occidentaux qui sont les véritables cibles des terroristes en Afrique, c’est difficile de comprendre l’option cavalière de Washington au sein du conseil de sécurité de l’ONU, de mettre la Force du G5 Sahel sous la coupe de l’organisation mondiale.
Si Paris qui soutient à fond la naissance de la Force du G5 Sahel croit de plus en plus à une inflexion dans l’attitude des Etats Unis, il n’en demeure pas moins que cette position américaine est quelque peu, pour faire trivial, bizarre. Washington n’a-t-il pas perdu toute confiance en ces forces placées sous couvert de l’ONU et budgétivores à souhait n’arrivent pas à faire face au terrorisme au Sahel? Il urge donc pour ces différentes structures de lutte contre le terrorisme de redorer leur blason en matière de gestion et surtout de résultats probants pour retrouver cette crédibilité perdue.
Par Wakat Séra