En quatre jours, du 1er au 4 mars, le président français, Emmanuel Macron a visité le Gabon, l’Angola, le Congo et la République démocratique du Congo. Véritable marathon en Afrique centrale, où il devait, principalement, tâter le pouls sur son esquisse concernant la «nouvelle politique africaine» de la France. Il l’a exposée quelques jours auparavant, à l’Elysée. Juste avant sa tournée.
En général, pour l’opinion de l’Africain qui l’a écouté avec attention, il n’y a rien de neuf à retenir: c’est la même rengaine, faite des déclarations d’intention. Depuis le discours de politique africaine fort élaboré, fait par le président François Mitterrand, en 1990, à Marcoussis, à ceux de l’actuel dirigeant Macron, en passant par le narratif insultant du président Sarkozy, jamais l’acte n’a suivi la parole.
En lisant et en écoutant les médias français, à ce propos, ils ne disent point le contraire. Le Figaro du 27 février, par exemple, va jusqu’à poser la question de savoir si c’est «la fin de la logique prédatrice?» Question à laquelle le président français avait déjà répondu, dans son récent discours: «Il nous faut être lucides, nous ne sommes aujourd’hui qu’au milieu du gué. C’est une situation très inconfortable.»
A partir de là, la vraie problématique émerge: ce qui divise la France et l’Afrique, c’est globalement le fait de la parole non tenue. Or, la promesse a valeur de serment. Si le serment est brisé – et c’est le cas en l’état -, la confiance s’étiole ou s’envole totalement, selon les circonstances. Initiée par le général de Gaulle, la Françafrique demeure, l’âme chevillée au corps. Qu’est-ce qui n’a pas été dit par ses successeurs, afin d’en finir avec cette mauvaise pratique? Comme réponse, une riche palette de monts et merveilles non réalisés! Jusqu’à l’élection de Macron, en 2017, qui change de refrain. Dans son discours tenu à l’université de Ouagadougou, au Burkina Faso, au cours de la même année, il promet la rupture avec «l’ancien modèle». Sur un ton martial.
Il est très jeune. Le plus jeune de tous les présidents de la Ve République. De ce fait, un vrai rayon d’espoir traverse le continent – très jeune, lui aussi -, dominé par 60 % des 20-45 ans. En tout cas, on le perçoit sur les visages de cette tranche d’âge, qui pense «jeune dirigeant français pour jeunes africains». Où en est-on, après sept ans d’exercice par ce deus ex machina français? La Françafrique est toujours là, droit dans ses bottes, puisqu’il s’agit d’un système dans lequel se brassent plusieurs centaines de millions d’euros d’intérêts français. C’est l’épine. Il va donc sans dire que le chef de l’Etat devra se débarrasser, avec tact, de certaines pesanteurs, jouant le rôle d’obstruction.
C’est qu’avec le président Macron, s’est évanoui ce qui restait du capital de confiance envers les dirigeants français. D’où l’explication, en partie, du rejet de la France en Afrique de l’Ouest. Les coups d’Etat qui y ont lieu ne sont pas loin de cette approche. Les jeunes officiers putschistes, qui prennent langue avec Moscou, pensent plus à d’autres horizons qu’à l’Occident. A bien voir les choses, les populations y adhèrent massivement. Le risque de contagion n’est pas à écarter. Il y a des signes évidents en Afrique centrale: les drapelets russes y sont déjà présents.
Ainsi, le soldat Macron est-il parvenu à «convaincre» l’Afrique, fâchée, à tourner casaque? Pas sûr.
Par Jean-Jules LEMA LANDU, journaliste congolais, réfugié en France