Le nouveau Premier ministre burkinabè, Christophe Joseph Marie Dabiré et son gouvernement constitué de 32 membres dont 8 entrants et 7 sept sortants, ont effectué leur prise de contact dans la soirée de ce jeudi, avec le chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré. Dans sa première adresse aux journalistes au Palais de Kosyam, le nouveau chef de l’exécutif a abordé des points saillants de la vie la nation que sont, entre autres, le terrorisme, l’incivisme, la défiance de l’autorité de l’Etat, la mal-gouvernance et la fronde sociale qui a fortement paralysé le service public en 2018. Sur ce dernier point, Christophe Dabiré a annoncé que dans les jours à venir, son gouvernement allait « s’asseoir autour d’une table » avec les syndicats pour « discuter de leurs préoccupations ».
« Nous allons très rapidement appeler les travailleurs sociaux à s’asseoir autour d’une table pour qu’on puisse discuter de leurs préoccupations », a affirmé M. Dabiré qui compte aussi faire de la question de la restauration de l’autorité de l’Etat, son cheval de bataille. « Des mesures fortes seront prises pour permettre de faire reculer l’incivisme », a-t-il dit. « Dans notre pays, personne ne sanctionne personne », a regretté le Premier ministre qui dit vouloir « travailler à créer les conditions de cette prise de conscience ».
Réagissant sur la mal gouvernance, il a reconnu que « le poisson pourri par la tête », avant de noter que son gouvernement allait « prendre des dispositions pour réduire le train de vie de l’Etat ». « Très rapidement un séminaire gouvernemental va se pencher sur un certain nombre de mesures à prendre pour réduire le train de vie de l’Etat », a-t-il soutenu.
Sur la question de l’insécurité qui est au bout des lèvres des populations, le Premier ministre a déclaré que « la lutte contre le terrorisme n’est pas une affaire du gouvernement, d’armées ou de Force de Défense et de Sécurité (FDS) » mais une affaire de « chacun de nous ». Il compte « travailler pour que chacun prenne conscience de cette question », invitant les populations à collaborer avec les FDS en dénonçant tout cas suspect.
« Le chef de l’Etat a aussi exhorté le nouveau gouvernement à travailler à aller très rapidement vers la réconciliation nationale afin qu’à la fin de son premier mandat, cette question soit résolue », a poursuivi M. Dabiré qui promet que son équipe travaillera à « accélérer le traitement des dossiers au niveau de la justice dans le sens de rétablir la vérité sur un certain nombre de questions pour apaiser les cœurs ».
Nous sommes conscients que le glissement générationnel est amorcé
Le chef du gouvernement a expliqué que pour la formation de son équipe, il a regardé la constitution des « capacités » de tout un chacun des ministres, « ce qu’il a déjà apporté dans la construction du pays et ce qu’il est prêt à apporter ». Les 32 membres dont sept femmes, « ont l’état d’esprit que nous voulons. Nous allons travailler avec des hommes et des femmes qui ont déjà la main dans la patte », a-t-il signifié en faisant remarquer que la configuration du gouvernement « n’a pas fondamentalement changé » car un profond remaniement allait faire prendre de temps à l’exécutif.
La création de deux ministères d’Etat, la cohésion sociale, la valorisation et la promotion des langues nationales et les droits humains sont les innovations ajoutées aux départements déjà existants. Les ministères d’État, ministre de la Défense Nationale et des Anciens Combattants et celui l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de la Cohésion sociale « ont été érigés au rang de ministère d’Etat pour tenir compte du fait que le contexte sécuritaire est extrêmement difficile et que les premiers responsables doivent être mis en avant pour pouvoir assurer la sérénité devant les FDS pour la sécurité de notre pays ».
« La cohésion sociale fait partie désormais des grandes priorités qu’il faut assumer au niveau du pays », a souligné Christophe Joseph Marie Dabiré qui veut travailler à ce que le ministère de l’Economie des Finances et du Développement (MINEFID) soit porteur de développement ».
« Aujourd’hui il n’y a pas d’homme providentiel pour un pays tel que le Burkina Faso. Personne ne peut dire qu’il a une baguette magique pour résoudre les problèmes que nous traversons. Seul le peuple burkinabè lui-même, prenant conscience des réalités » peut travailler de concert avec le gouvernement pour le développement du pays, a lancé le chef du gouvernement qui a été nommé le lundi 21 janvier dernier.
Les actions du nouveau gouvernement selon les dires de son premier responsable, seront d’accélérer la mise en oeuvre des programmes présidentiels dont l’application avait déjà commencé à travers le Plan national de développement économique et social (PNDES), considéré par l’ex-Premier ministre Paul Kaba Thiéba, son géniteur, comme « la boussole » du développement du Burkina Faso.
Par Bernard BOUGOUM