Il n’y aura pas de Plan Marshall pour l’Afrique. En tout cas pas au sommet du G20 qui a réuni les grands de ce monde, les 8 et 9 juillet 2017, dans la ville hanséatique de Hambourg où veillaient, baïonnette et canon à eau au poing, plus de vingt policiers. Dans l’imprenable forteresse allemande, les puissants du jour, se sont penchés l’état de santé d’une planète soumis aux effets dévastateurs du réchauffement climatique mais aussi du dérèglement du paradigme économique mondial avec à la baguette, l’administration Trump. Du reste, l’un des moments très attendus de ce week-end hambourgeois studieux fut la rencontre, première du genre entre les deux fortes têtes que sont Vladimir Poutine et Donald Trump. Rarement faits et gestes entre deux dirigeants, russe et américain, ont été autant scrutés par des observateurs et autres journalistes à l’affût. Le face-à-face inédit prévu pour une trentaine de minutes aura finalement duré plus de deux heures d’horloge, tant les deux hommes avaient à s’en conter notamment sur la Syrie, l’Ukraine, la Corée du nord, la cybersécurité, la lutte antiterroriste. Et l’attendu se produisit à ce sommet avec le retrait annoncé des Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat. Donald a donc exporté ses «Trumperies» en terre allemande où il tout de même récolté une mise à l’écart totale des autres dirigeants, isolement proportionnel à un acte égoïste, privilégiant juste les intérêts industriels américains au détriment de l’avenir menacé de la terre.
L’Afrique, Poutine et Trump ne l’ont certainement pas évoquée dans leurs causeries de «stars» mais le continent noir était bien au centre des préoccupations des grands de ce monde, notamment les Européens qui comptent endiguer par tous les moyens, ces assauts incessants des migrants africains vers leurs pays respectifs. Si la Méditerranée en avale une bonne partie, les murs de toutes natures érigées par les Occidentaux n’arrivent toujours pas à décourager ces milliers d’hommes, de femmes et d’enfants en quête d’un quotidien meilleur. Sur des bateaux d’infortune, et bravant la rage de la mer et les traitements inhumains des passeurs et autres gardes côtes, ces candidats à l’exil forcé parce que traqués par la misère et l’absence de toute perspective pouvant leur procurer le plus infime des espoirs de s’en sortir misent tout sur l’Europe. Un eldorado qui, s’ils l’atteignent au meilleur des cas ne sera pour eux que désillusion et galère. Le temps est révolu où, grâce à ces petits métiers dont ne voulaient pas leurs «hôtes malgré eux», les Africains vivant, pardon survivant en Europe, au prix de durs sacrifices et surtout de ravalement à des conditions animales, pouvaient expédier leurs économies en Afrique pour rembourser l’argent cotisé par toute une communauté pour les faire partir. L’Occident lui-même fortement déstructuré par plusieurs crises socio-économiques a besoin de solutions pour ses chômeurs et autres sans-emplois. Et voici pourquoi il est important pour le G20 de maintenir les Africains chez eux.
Si l’exploit de parler de l’Afrique au G20 est à saluer, il n’en demeure pas moins que une fois de plus, ce n’est pas pour la citer en exemple, même si à toutes les tribunes, elle est pompeusement baptisée du continent de l’avenir. Pour se donner bonne conscience et surtout éloigner ces indésirables de leurs frontières, du reste de plus en plus infranchissables, leurs anciens colonisateurs ont trouvé la formule de les aider à rendre l’Afrique attractive pour les investisseurs privés qui désireraient faire affaire avec elle. Car, c’est décidé, même si leurs matières premières sont pillées pour leur revenir sous forme de produits manufacturés très chers, il n’y aura pas de plan de rétablissement pour l’Afrique. Les Africains ne méritent pas sans doute cette opportunité, comme en son temps où l’Amérique avait prêté de l’argent aux Européens pour aider à la reconstruction de leurs Etats exsangues après la Seconde guerre mondiale. Si ce n’est dans l’objectif de maintenir l’Afrique dans la servilité, malgré les forums et autres réunions organisés soi-disant pour l’ouvrir à des partenariats économiques, quel est ce mécanisme qui permettra aux produits africains de bien moindre qualité et dont les prix sont fixés en Europe, d’être compétitifs sur le marché international? Sans rentrer dans le débat du fameux franc CFA aujourd’hui dénoncé comme une monnaie qui contribue à aliéner l’Afrique, il faut dire que la simple parité entre l’euro ou le dollar n’est point pour en faveur des échanges commerciaux entre le continent noir et l’Europe où des Etats Unis dont l’agriculture est fortement subventionnée.
Une fois de plus, l’Europe exhorte les Africains à prendre leur destin en main. Ce qui ne se fera pas sans un changement de mentalité qui doit d’abord amener l’Afrique à terrasser ses petites frontières issues de la colonisation pour devenir un vaste marché de consommation pour ses propres produits, transformés sur place. Yes, we can!
Par Wakat Séra