Deux attaques en deux jours au Mali. Une attaque au Niger dans la nuit du samedi 30 juin au dimanche 1er juillet. Dans les deux cas, ce sont les forces du mal, qui ont pris pour cible des militaires français de l’opération Barkhane, des éléments des forces de défense malienne et des positions de l’armée nigérienne. Une fois de plus, ces attaques ont fait des morts et des blessés. Si au Niger, au moins deux soldats ont été tués et des véhicules de l’armée ont été détruits par les jihadistes de Boko Haram ; au Mali, la comptabilité macabre est plus sévère: au moins 7 morts au total sur les deux attaques et plus de trente blessés graves dont 8 militaires français et surtout des enfants. Certes, la hiérarchie militaire française dément tout décès d’élément de la Force Barkhane, contrairement aux informations qui ont circulé sur les réseaux sociaux en cette journée dominicale du premier jour du mois de juillet. Mais les inquiétudes n’en demeurent que plus grandes, compte tenu du caractère itératif des attaques mais surtout de leur localisation en pleine ville. Quand ce n’est pas en pleine capitale que les jihadistes frappent, ce n’est pas loin très loin et aucune force anti-terroriste n’est à l’abri de leurs raids mortels. Pire, malgré les opérations régulières annoncées pour l’anéantir, l’hydre ne cesse de frapper. A moins qu’elle ne soit en pleines convulsions de fin de vie.
Mais en attendant, les symboles comme le quartier général du G5 Sahel qu’elle vient de frapper à Sévaré et la patrouille mixte forces françaises de Barkhane et armée malienne prise pour cible à la périphérie de Gao, prouvent, si besoin en ait encore, l’impuissance de ces forces à mettre hors d’état de nuire cette ennemie experte en guerre asymétrique. Et elle aurait voulu humilier le G5 Sahel qu’elle n’aurait pas agi autrement en lui infligeant cette gifle, le jour de l’ouverture d’un sommet de l’Union africaine, dont le président français, Emmanuel Macron devrait saisir la tribune ce lundi, pour fouetter une fois de plus la mayonnaise G5 Sahel qui ne prend toujours pas. Que vont-ils se dire aujourd’hui, les chefs d’Etat de la Mauritanie, pays hôte de la rencontre de l’Union africaine, du Niger, du Burkina Faso, du Tchad et du Mali, les pays membres du G5 Sahel et Emmanuel Macron qui a hâte de l’opérationnalisation effective de cette force née dans la douleur mais dont la survie est déjà menacée, le nerf de la guerre faisant défaut? En tout cas, l’impression est nette qu’il urge pour Barkhane et la France qui commencent comme à s’enliser dans les sables chauds du Sahel de refiler en toute élégance, la mission aventureuse au G5 Sahel. Pourtant, le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, avait tiré la sonnette d’alarme sur les vulnérabilités des installations de la force. Prémonitions ou aveux d’échec de l’institution qui ferme désespérément ses portes au G5 Sahel, avec la bénédiction des Etats-Unis? Pourquoi ces constats n’ont-ils pas été pris au sérieux pour renforcer la sécurité des lieux? Questions pour le moment sans réponses idoines.
L’activisme de Emmanuel Macron pour donner vie et accompagner les premiers pas du bébé G5 Sahel est loin d’être pure philanthropie, l’opinion française comprenant de moins en moins la hargne des jeunes soldats français si loin de chez eux, où ils flirtent au quotidien avec la mort, sans jamais être certains de venir à bout de jihadistes qui ne combattent pas pour vivre mais mourir. Désormais, en plus des moyens financiers et de la logistique qui lui font défaut pour espérer vivre longtemps, le G5 Sahel doit déjà songer à protéger ses propres militaires. Quel sera donc le sort des populations du Sahel que cette force est censée protéger des exactions et tueries menées par les jihadistes? En tout cas, la balle, au propre comme au figuré est dans le camp du G5 Sahel qui, après avoir connu un accouchement difficile, vit des heures chaudes.
Par Wakat Séra