Après les experts et le conseil des ministres, les chefs de l’Etat des pays membres du G5 Sahel se sont retrouvés ce mardi 3 février 2019 dans la capitale bukinabè pour se pencher sur la vie de l’organisation sous-régionale. En plus des questions liées à son administration efficiente, les têtes couronnées de l’espace couvert par le Burkina Faso, le Tchad, le Niger, la Mauritanie et le Mali, n’ont pas eu une journée de tout repos. Elaboration de voies et moyens pour faire cracher leurs partenaires au bassinet de la mobilisation des fonds annoncés et nécessaires pour le fonctionnement de la force conjointe, dans tous ses volets, notamment, militaire et le programme d’investissement prioritaire dans les domaines de l’agriculture, d’élevage et d’hydraulique, ont dû être épluchés au titre des dossiers. A en croire un des expert, les conflits communautaires de plus en plus fréquents et marqués ces derniers temps par une forte stigmatisation des Peuhls et les fermetures d’écoles du fait du terrorisme et qui entravent énormément le système éducatif déjà mal en point des cinq pays membres du G5 Sahel, devront figurer parmi les priorités des dirigeants. Le hasard faisant bien les choses, c’est ce sommet qui permettra au Burkina Faso de prendre la présidence du G5 Sahel, patate chaude que lui refilera sans doute avec plaisir le Niger qui a présenté un bilan d’exercice bien maigre, malgré les satisfactions officielles.
Mais le Niger pouvait-il servir meilleur résultat pour une force sans…force, comme nous l’avons déjà écrit dans ces mêmes colonnes? Le nerf de la guerre faisant largement défaut et des pays comme le Mali et le Burkina Faso étant de plus en plus considérés par des spécialistes de la question sécuritaire comme le ventre mou de cette lutte contre le terrorisme, il importe de changer en toute urgence, le fusil d’épaule. La réorganisation des armées nationales, la reconstitution totale du moral des troupes qui, malgré le courage et la bravoure des éléments, et la dotation des hommes en équipements à la hauteur au moins de ceux de l’ennemi en face, seront déjà des moyens de redonner aux Forces de défense et de sécurité leur légendaire efficacité dans la défense du territoire. Et plus important, il urge d’étoffer et de perfectionner le service de renseignement des armées africaines qui, aujourd’hui sont comme orphelines de cette entité névralgique. Dans cette logique, les militaires, dans une guerre dite asymétrique sont souvent massacrés dans des guet-apens tendus par des adversaires qui semblent avoir une meilleure connaissance du terrain. C’est peut-être vers ces solutions endogènes qu’il faut se diriger au lieu de s’entêter sur la piste d’un G5 Sahel qui oblige une fois de plus les Africains à compter sur l’argent des autres pour assurer leur propre sécurité. Du reste d’autres organisations africaines comme la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) existent déjà et peuvent faire autant, sinon mieux que le G5 Sahel qui fait du bruit pour rien. Il faut arrêter de se voiler la face.
D’autre part, et même si le sujet ne figurait pas à l’agenda officiel du sommet de Ouagadougou, le raid aérien des forces françaises du dimanche dernier qui aurait été dirigé contre une colonne des rebelles de l’Union des forces de la résistance (UFR), hostiles au régime de Idriss Deby Itno, n’a sans doute pas moins hanter les couloirs de la rencontre, le Tchad étant un pilier du G5 Sahel et la France la puissance tutélaire de l’organisation. Que s’est-il réellement passé? La protection vaille que vaille du pouvoir Deby pourtant très contesté par de nombreux Tchadiens et les mouvements de respect des droits humains est-elle passée par là? En espérant que l’évolution des faits prouve que ce sont des terroristes qui ont été anéantis par les « Macron boys », il faut reconnaître que ce sont des actions qui sèment bien le trouble au niveau de l’opinion
Par Wakat Séra