La solution contre le terrorisme dans le Sahel, c’est la nouvelle force armée du G5 Sahel. C’est la conviction de la ministre française des Armées, Florence Parly, en visite au Mali. Visite d’étape d’une tournée que la Française a effectuée au Sahel pour s’imprégner du quotidien des éléments de Barkhane, le séjour à Gao et à Bamako lui a permis de réitérer l’accompagnement de la France à l’opérationnalisation de la force armée du G5 Sahel pour traquer les djihadistes et les contrebandiers de tous ordres qui écument la zone sahélienne. Mais cette fois-ci, la France ne va pas en solitaire dans l’aventure du G5 Sahel. En duo avec son homologue allemande qui était à ses côtés dans le Sahel, la ministre français a promis aller chercher du renfort pour soutenir la force du G5 Sahel. En attendant l’odyssée du couple franco-allemand, la force Barkhane devrait guider les premiers pas du nouveau shérif du Sahel. L’argent étant le nerf de la guerre, les finances sont ce qui manque le plus actuellement au G5 Sahel pour se mettre à la chasse aux terroristes. Certes l’Union européenne vient en fanfare, avec un appui de 50 millions d’euros, la France avec un pactole de 8 millions d’euros sur cinq ans et la Mauritanie, le Tchad, le Niger, le Burkina Faso et le Mali, les cinq pays membres promettent chacun un apport de 10 millions d’euros.
Mais le compte est loin d’être bon car, la force a besoin d’un colossal budget de 420 millions d’euros que n’entend pas supporter la grande Organisation des Nations unies. Rien d’étonnant, les Etats-Unis de Donald Trump considérés comme le plus gros contributeur de l’institution mondiale ayant mené une contre-campagne contre la France en son temps, pour prendre une résolution qui mettrait ainsi la force du G5 Sahel sous bannière onusienne. Les deux missi dominici, française et allemande, auront donc fort à faire pour renflouer les caisses du G5 Sahel. La tâche sera davantage compliquée, vu que les membres du G5 Sahel eux-mêmes ont, il est vrai annoncé, chacun, une contribution de 10 millions d’euros dans la cagnotte. Problème, ce sont tous des pays pauvres, vivant sous perfusion financière de partenaires étrangers. Seront-ils en mesure d’honorer leurs promesses alors que tous les secteurs, de l’éducation à la santé, en passant par l’économie, les infrastructures, l’agriculture, la défense, etc., sont prioritaires, dans un environnement mondiale de récession économiques? Pourtant, le président français n’est pas passé par quatre chemins pour dire aux dirigeants africains de faire plus d’effort dans cette lutte contre le terrorisme. Emmanuel Macron voudrait prévenir les Africains que la France ne sera pas la Mère Teresa de cette force du G5 Sahel qu’il ne s’y prendrait pas autrement.
C’est donc clair, Paris bien que voulant être aux avants postes de cette guerre asymétrique qui s’installe dans la durée, n’en n’est pas moins éprouvée par les pertes de ses soldats sur le terrain, les lourdes dépenses financières et la mise à disposition d’une logistique qui est loin d’être le volet le plus léger de l’opération. A quel saint vont donc se vouer les pays du G5 Sahel pour mener leur combat? Le Tchad a déjà ouvert la brèche, signifiant clairement en son temps, n’avoir ni les moyens financiers, ni les ressources humaines pour être sur plusieurs fronts de la lutte contre les «barbus du Sahel». Idriss Deby Itno, qui est par ailleurs bon maître chanteur, n’a-t-il pas tout de même dit haut, ce que pensent ses quatre autres homologues dont les populations vivent dans une précarité structurelle qui ne dit pas son nom? Mais les Occidentaux doivent se sentir bien obligés d’injecter les forces qu’il faut dans la…force, car, de manière générale ce sont leurs intérêts et leurs ressortissants qui constituent la cible des terroristes en Afrique. En tout cas, une chose est de vouloir lutter contre le terrorisme, mais une autre est de trouver les moyens adéquats, en multipliant les forces.
Par Wakat Séra