Il faut le dire sans fausse pudeur, c’est sur une note de satisfaction qu’a pris fin la réunion de Celle Saint-Cloud sur la problématique de financement de la force du G5 Sahel. Le lobbyiste de service, Emmanuel Macron a réussi à faire délier le cordon de la bourse à d’autres contributeurs. Si la France a fait de la mise en place du G5 Sahel son affaire, elle n’a certainement pas les moyens financiers, encore moins la logistique et les troupes nécessaires pour ouvrir un autre front contre le terrorisme en Afrique. Déjà engagée sur le terrain sahélien à travers la force Barkhane et ayant échoué à embarquer l’Onu dans l’aventure, du fait de la farouche opposition des Etats-Unis, la France n’avait d’autres choix que de ratisser ailleurs. Les 50 millions d’euros de l’Union européenne, les 10 millions d’euros respectifs des cinq pays membres de la force conjointe décidée à en finir avec les djihadistes dans le Sahel, et les 8 millions d’euros en équipements prévus par la France, étaient loin de faire l’affaire, pour un budget initial fixé à 423 millions d’euros par les Africains. Mais désormais, avec des pompiers nommés Arabie Saoudite et Emirats Arabes unis qui s’engagent à injecter respectivement 100 millions et 30 millions d’euros, l’accouchement sera certes dans la douleur, mais se fera, quitte à envisager une césarienne.
En tout cas, comme le disent les commerçants sur un marché africain, «c’est bon, mais c’est pas arrivé». Les presque 250 millions d’euros mobilisés, ne couvriront que les besoins d’une année pour les 5 000 hommes sur les 10 000 annoncés au départ pour porter la force conjointe. Peut-être que Bruxelles sera décisif en février prochain pour lever d’autres soutiens financiers et l’engagement de nouveaux partenaires pour allaiter le bébé et lui assurer une croissance convenable à la mesure de la puissance de feu des terroristes et autres bandits et trafiquants qui écument le Sahel. En attendant, la force vivra d’espoir pour les années à venir après son opérationnalisation véritable. Certes, la culotte d’aujourd’hui vaut mieux que le pantalon de demain, mais est-ce bien judicieux de déclencher la guerre sans le nerf de la…guerre? Rien n’est moins sûr. Car, si les fruits ne tiennent pas la promesse des fleurs, le train du G5 Sahel pourrait bien s’arrêter en plein désert, faute de fioul. Il ne reste donc plus qu’au G5 Sahel, dans cet embouteillage de forces comme la Minusma, Barkhane, et autres troupes engagées dans la lutte contre Boko Haram, à faire la différence par son efficacité, pour séduire des partenaires, et pourquoi pas l’Onu, pour son financement durable.
Le bout du tunnel est donc loin d’être atteint pour la France et ses alliés du G5 Sahel qui doivent se fixer de nouveaux objectifs pour donner longue vie à la force conjointe pour fêter la mort du terrorisme dans le Sahel. En attendant, la Mauritanie, le Niger, le Tchad, le Burkina Faso et le Mali peuvent crier cocorico avec le coq gaulois, un bout du chemin étant accompli. Pourvu que Celle Saint-Cloud continue de porter bonheur jusqu’à Bruxelles.
Par Wakat Séra