Plus de 100 terroristes tués, mais 51 soldats restés sur le carreau. Et le bilan est loin d’être définitif, vu que plusieurs militaires manquent encore à l’appel et des recherches sont en cours dans l’espoir de les retrouver. Surtout vivants!
Cette comptabilité macabre fait suite à l’attaque essuyée par l’armée burkinabè alors qu’elle menait une riposte contre des assaillants, le 17 février 2023 sur l’axe Oursi-Déou, dans le Sahel burkinabè. Certes, les succès des Forces de défense et de sécurité (FDS) et des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), selon les communiqués officiels, s’enfilent et permettent de libérer des localités où s’étaient enkystés des hommes armés, sans foi ni loi, qui endeuillent au quotidien les populations civiles et militaires. Au Mali voisin, la situation sécuritaire n’est guère plus reluisante. Les attaques terroristes se multiplient et ne laissent aucun répit aux Forces armées maliennes (FAMa) qui rencontrent tout le mal du monde pour inquiéter les groupes armés, a fortiori reconquérir les pans entiers du territoire national aux mains de ces assaillants qui semblent toujours avoir une longueur d’avance sur les forces loyales.
Pourtant, persuadés qu’aucun d’eux ne peut, seul, mettre en déroute les forces du mal, les pays du Sahel, sous l’impulsion de la France avaient pris la sage décision de mutualiser leurs ressources. Ainsi naîtra, la force conjointe du G5 Sahel. Mais le bébé, malgré la volonté de ses cinq géniteurs, en l’occurrence le Niger, le Tchad, le Mali, le Burkina Faso et la Mauritanie, a du mal a grandir. Le nerf de la guerre faisant défaut, le G5 Sahel peine à devenir réellement opérationnelle sur le terrain, contraint de mettre en veilleuse, ses ambitions louables de lutte contre le terrorisme, la criminalité organisée et l’immigration clandestine dans la région. Sortir de cette presque léthargie alors que plus que jamais, les groupes terroristes font feu de tout bois, notamment dans la zone dite des Trois frontières que partage, le Mali, le Burkina et le Niger. C’est la raison fondamentale qui a conduit les membres à tenir le 6e sommet extraordinaire du G5 Sahel, ce lundi 20 février à Ndjamena.
Sauf que le G5 Sahel est devenu, certainement le G5 Sahel et pratiquement le G3 Sahel! Les putschs militaires au Mali et au Burkina Faso étant passés par là. En mai 2022, au nom d’une souveraineté éculée que la junte militaire au pouvoir à Bamako ne cesse de brandir, le pouvoir kaki a retiré le Mali de la force conjointe. Le Burkina pourrait marcher dans les pas du voisin malien, même si rien n’a encore été décidé dans ce sens. En tout cas, la réunion de Ndjamena, s’est tenue en l’absence du colonel malien Assimi Goïta et du capitaine burkinabè Ibrahim Traoré qui lui était représenté par son ministre en charge de la Défense.
Il y a de quoi s’inquiéter pour le G5 Sahel, mais surtout pour la lutte contre le terrorisme dans la région, car, toutes les brèches dans le dispositif de combat sont aussitôt exploitées par des groupes armés de plus en plus ragaillardis, non seulement par le départ des forces française Barkhane et européenne Takuba, du Mali, mais aussi par les initiatives des militaires de Bamako qui isolent davantage le pays. Quoique l’on dise, les Français qui étaient accusés-à tort ou à raison?- de soutenir les terroristes étaient, paradoxalement, ceux qui arrivaient à décapiter l’hydre et détruire ses nombreuses bases disséminées dans le Sahel.
Question: est-ce une chance ou un obstacle pour le G5 Sahel que le gouvernail du navire soit confié au Mauritanien Mohamed Ould El-Ghazaouani, alors que depuis des années, son pays ne connaît plus d’attaques terroristes? En tout cas, il urge de travailler à ramener le Mali dans les rangs du G5 Sahel et rassurer en même temps le Burkina que la lutte contre le terrorisme ne peut se gagner qu’ensemble. «Notre nombre fait notre force», selon le slogan du Balai Citoyen, cette structure de la société civile burkinabè qui a pris une part importante dans l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 au Burkina.
Par Wakat Séra