Ainsi donc le G5 Sahel est mort! Mais a-t-il vraiment jamais vécu? C’est l’interrogation légitime que suscite la disparition du G5 Sahel causée par le retrait du Mali de l’institution, sur une des mille et une lubies du colonel Assimi Goïta. Né de la volonté des Etats sahéliens, avec la forte implication de la France, de mener dans une étroite synergie, la lutte contre le terrorisme, le G5 Sahel dont la naissance, comme tout accouchement, s’est faite dans la douleur, a connu une enfance malheureuse. Le nerf de la guerre et la reconnaissance espérée de l’ONU, faisant défaut, l’organisation a vivoté dans ses langes, poussant par moment de petits gémissements ne pouvant effrayer une mouche, a fortiori l’hydre terroriste.
C’est dans cet apprentissage difficile que le G5 Sahel qui n’a jamais véritablement bénéficié d’un environnement favorable pour grandir, vient de recevoir le coup fatal de la part du pouvoir kaki de Bamako. Oubliant qu’un Etat putschiste mis au ban de la communauté internationale ne peut revendiquer les mêmes privilèges qu’un gouvernement normal, la junte militaire malienne, a retiré son pays du G5 Sahel parce que s’étant vue refuser la présidence tournante.
Ce qui sonne, sauf revirement de situation, la mort de la structure qui, malgré tout, portait les espoirs de certains de ses membres. Ainsi en est-il du Niger, qui, en plus des succès réels de ses Forces de défense et de sécurité qui se battent sur un territoire immense de 1 267 000 km2, a toujours cru en l’union qui fait la force. C’est dans sa conviction, qu’aller en solo en guerre contre le terrorisme est synonyme d’échec assuré, que ce pays a initié des opérations communes avec ses voisins, des initiatives comme Tanli 1, 2, et 3 avec le Burkina Faso, qui ont mis hors d’état de nuire plusieurs chefs terroristes et détruit nombre de leurs bases.
C’est également dans cette logique que le même Niger qui a mis ses œufs sécuritaires dans plusieurs paniers, ne crache sur aucune aide, qu’elle vienne de la Chine, de l’Inde, des Etats-Unis, de l’Allemagne, de la Turquie, de la Belgique ou de la France, pour appuyer son armée de soldats patriotes et dévoués en formation, en logistique aérienne et en renforcement des services de renseignement. En accord avec ses représentants au parlement, le pays vient de voter d’ailleurs pour l’accueil de forces étrangères, notamment celles française Barkhane et européenne Takuba.
Il faut donc commencer à faire le deuil du G5 Sahel dont la mort a été précipitée par la volonté du prince militaire de Bamako. Mais plus préoccupante est la lutte contre les terroristes qui, non seulement se sont sanctuarisés surtout dans la zone dite des trois frontières, mais font désormais des incursions fréquentes au Togo, au Bénin et quelques fois en Côte d’Ivoire, en attendant d’aller plus loin si affinité. L’optimisme est loin d’être de mise! Avec le regain des attaques armées au Burkina, la fermeture du Mali au reste du monde dans une culture de propagande activée par la junte militaire maintenant en ménage avec la société de sécurité privée russe Wagner et la réarticulation de Barkhane et Takuba dans une atmosphère où le sentiment anti-occident est nourri par des officines bien connues, le monstre terroriste deviendra, sans doute, encore plus difficile à anéantir.
Pourvu que, malgré cette mise en retrait du Mali dont les dirigeants ne sont que soucieux de garder le plus longtemps possible un pouvoir qu’ils ont arraché par les armes, les autres pays continuent de croire en la vertu des partenariats régional et international bien définis entre Etats, gage de victoire sur le terrorisme et pour le développement au profit de populations meurtries.
Requiescat in pace G5 Sahel. Ou plus simplement RIP, comme le diraient les geeks sur leurs claviers! Et vivement que naisse sur les cendres du mort-né, un regroupement mieux structuré et élargi aux autres pays de l’Afrique de l’ouest qui sont également dans le viseur des forces du mal!
Par Wakat Séra