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Gabon: le général sonne le clairon!

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Le général Oligui en pleine prestation de serment

Le général Brice Clotaire Oligui Nguema, vient d’offrir un enterrement de première classe à l’ère Bongo. Après son coup d’Etat du 30 août, celui qui était censé veiller sur le pouvoir d’Ali Bongo Ondimba a mis un terme, peut-être définitif, au règne de père en fils, en prêtant serment sur une «charte de la transition» qui a royalement suspendu la constitution.

Quel est le contenu de ce document aussi nébuleux que le flou artistique qui entoure encore le putsch militaire qui a mis à la retraite le désormais ex propriétaire, pardon locataire du palais du bord de mer? Le texte a été sans doute rédigé en toute hâte, à moins que le coup de force ne soit sur les tablettes du général depuis bien longtemps. Pourtant, l’action du nouveau maître de Libreville, serait une réponse aux élections du 26 août dont les résultats ont été «tronqués», à en croire les putschistes dans leur déclaration de prise de pouvoir par les armes.

Le cousin de la famille Bongo, aide de camp du père et patron de la garde républicaine qui veillait sur le sommeil du fils, voudrait demander à l’opposant et champion de « Alternance 2023 », Albert Ondo Ossa, d’oublier cette victoire à la présidentielle qu’il continue de revendiquer, qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Certes, le général n’a pas été le premier, et ne sera peut-être pas le dernier, à prêter serment sur une charte de la transition à défaut de la constitution vite rangée aux oubliettes, le temps pour les putschistes de marquer leur territoire.

Bien que cela soit dans une précipitation bien organisée, le général Oligui était conscient qu’il lui fallait une couverture légale pour s’asseoir véritablement aux commandes de ce Gabon qui aurait pu s’appeler Bongo, si on lisait plutôt le mot de la droite vers la gauche en remplaçant le «a» qui s’y est incrusté par un autre «o», déplacé après le «g». Désormais, à moins d’un rebondissement, le président de la transition qui dirige le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CRTI) s’est donné, en plus des armes, la loi, pour mettre de l’ordre et faire marcher au pas les plus téméraires.

Du reste, à moins qu’il ne soit animé par cette ruse classique de tous les putschistes de faire la promesse presque jamais tenue d’un retour rapide à la démocratie, le général Brice Clotaire Oligui Nguema a donné les gages d’un dirigeant ouvert à la bonne gouvernance et soucieux de la liberté de la presse et d’expression. En tout cas, il a juré «devant Dieu et le peuple gabonais de préserver en toute fidélité, le régime républicain et de faire respecter la charte de la transition et la loi» tout en conservant «les acquis de la démocratie». Tout ce qui sera entrepris contre la marche imprimée par le général Oligui sera donc, dorénavant, considéré comme hors-la-loi et probablement puni comme tel.

Comme le dirait l‘autre, c’est «verrouillé». Les putschistes tiendront-ils parole? Question! Sans vouloir leur coller un procès d’intention, il faut reconnaître que la jurisprudence en la matière est loin de plaider pour le général Brice Clotaire Oligui Nguema, car ses devanciers, après avoir «balayé la maison» l’ont trouvée tellement propre qu’ils s’y sont installés. Parfois sur la durée! Ils s’octroient même des transitions aussi, sinon plus longues que les mandats constitutionnels.

Tout est accompli et le général Oligui, sauf tsunami, tient bien les manettes, qu’il ait perpétré un véritable putsch militaire ou opéré une petite révolution de palais pour perpétuer le règne des Bongo…sans les Bongo!

Par Wakat Séra