Accueil Editorial Gabon: que se passe-t-il autour de Ali Bongo?

Gabon: que se passe-t-il autour de Ali Bongo?

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Beaucoup de questions sur l'état de santé du président gabonais Ali Bongo (Ph. europe1.fr)

Alors qu’il était à Riyad pour participer au forum économique, la Future Investment Initiative ou le «Davos du désert», piloté par le prince héritier Mohammed Ben Salmane (MBS), Ali Bongo Ondimba (ABO) a été hospitalisé dans la capitale saoudienne. C’est la seule information officielle qui a filtrée sur l’état de santé du président gabonais depuis qu’il a été interné à l’hôpital et que les rumeurs les plus folles courent sur sa personne. Pour certains, l’homme serait tombé dans un coma diabétique et transféré par avion médicalisé de Riyad vers Londres. Des confrères évoquent également d’autres maux. Pour le porte-parole de la présidence gabonaise sur RFI, le chef de l’Etat gabonais, 59 ans, est simplement victime d’un épuisement physique, ce qui nécessiterait à son niveau du repos. «Ce n’est rien de grave», a affirmé le fonctionnaire, version reprise presqu’en chœur par les représentations diplomatiques gabonaises dans le monde. Toutefois, ces justifications de l’absence de Ali Bongo des radars sont battues en brèche par bien des personnes, notamment certains de ses compatriotes sur les réseaux sociaux. Pour ces derniers, le fils de Feu Omar Bongo Ondimba aurait même rejoint son père dans l’au-delà. Informations reprises par certains médias de la sous-région, qui ne semblent pas être sur la même longueur d’onde que les autorités de leurs pays.

Le ton des démentis officiels de certains Etats, et du Gabon lui-même, sur le décès supposé de ABO, qui n’a participé ni au «Davos du désert», ni au dernier sommet extraordinaire de la Communauté économique de l’Afrique centrale (CEMAC) à N’Djaména au Tchad,  est sans équivoque. C’est ainsi que dans un communiqué officiel, l’ambassade du Cameroun au Gabon porte la voix de «L’Etat du Cameroun qui se démarque de telles inconduites marginales et opposées à l’excellence des relations qui unissent Leurs Excellences Ali Bongo Ondimba et Paul Biya, ainsi que les Peuples Frères Gabonais et Camerounais». Du reste, «d’ores et déjà, des sanctions sévères-en cascade-seront infligées aux auteurs de cette scabreuse fausse nouvelle», prévient la représentation diplomatique camerounaise. Toutes ces réactions ne font que mettre en exergue la complexité d’un contexte socio-politique gabonais qui s’accommoderait difficilement de cette mauvaise nouvelle. Ainsi remontent à la surface les sempiternelles polémiques qui entourent la succession à la présidence du Gabon, de Feu le père par le fils et surtout la victoire querellée de Ali Bongo à la présidentielle 2016 sur l’opposant Jean Ping. C’est également l’opportunité de remettre dans la balance, le silence et le flou à couper au couteau qui entourent la santé de ceux qui nous dirigent. Sans que cela soit l’apanage du continent noir, le Français, Feu François Mitterrand ayant longtemps caché au peuple ce cancer qui le rongeait et finira pas l’emporter, il faut reconnaître que c’est un tabou de parler de la santé, et parfois de la mort d’un président africain.

En attendant qu’on en sache un peu plus sur la situation au Gabon qui vient de vivre le second tour des élections législatives dont le parti au pouvoir est largement vainqueur dès le premier round, il faut craindre pour ce pays la flammèche qui pourrait provoquer la déflagration d’une marmite politique qui bouillonne depuis un bon moment. En tout cas les Gabonais sont inquiets et les spéculations vont bon train sur la santé de leur président. Pourvu que chaque partie et parti politique sache raison garder afin de préserver le Gabon de tout chaos, et de toute guerre de succession au cas où. Dans tous les cas, les institutions sont en place et fonctionnent et la constitution du pays a tout prévu.

Par Wakat Séra