Accueil A la une Gabon: une présidentielle sans les Bongo, depuis près de 60 ans!

Gabon: une présidentielle sans les Bongo, depuis près de 60 ans!

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Le général Brice Clotaire Oligui, super favori (Ph. d'archives)

Les Gabonais ont rendez-vous avec les urnes demain samedi 12 avril! Historique, ce scrutin l’est à plusieurs titres!

Depuis 1967, soit 58 ans, c’est la première élection présidentielle qui se tient sans la participation d’un membre de la famille Bongo. Du père Omar Bongo Ondimba qui a régné de 1967, à sa mort en juin 2009, au fils, Ali Bongo Ondimba, qui lui a succédé dans la foulée de sa disparition, et n’a été balayé que par un coup d’Etat en 2023, le système de gouvernance gabonais, a été transformé, de fait, en monarchie. Un régime qui aurait pu s’éterniser, n’eût été le coup d’arrêt qui lui a été porté par le général Brice Clotaire Oligui Nguema, lui-même ancien serviteur de Bongo père comme aide de camp, et ensuite de Bongo fils, sous la casquette de chef de la garde républicaine. Après avoir ouvert une parenthèse de transition militaire, qu’il est sur le point de fermer par cette présidentielle du samedi 12 avril, le général, a si bien balayé la maison, qu’il est maintenant tenté de s’y installer pour un septennat, et plus, si affinités.

Historique, cette élection le sera également, par son allure d’ouverture et surtout d’ouverture légale de son observation à la société civile gabonaise. Comme quoi, les vrais chiffres pourraient, pour la première fois, sortir d’urnes qui, depuis les élections précédentes n’ont produit que des résultats largement rejetés par le peuple, particulièrement l’opposition et la société civile. Les Gabonais ont, d’ailleurs, encore frais dans la mémoire, les mouvements de protestation qui ont fait des dizaines de morts à la réélection, en 2016, de Ali Bongo Ondimba. Une tâche noire que le prochain chef de l’Etat, doit chercher à effacer, en passant par un procès en bonne et due forme, pour punir les auteurs de ces violences mortelles et indemniser financièrement les victimes. A ce titre, les familles des victimes, regroupées sous la bannière de l’«Association Réconciliation» s’engagent à à ne jamais cesser de se faire entendre pour rentrer dans leurs droits et faire, enfin, le deuil des leurs. Le général candidat connaît bien le dossier. Mais s’il est élu, comment le fera-t-il avancer, sans être juge et partie, lui qui était non seulement militaire, mais proche des pouvoirs successifs Bongo?

En attendant, le général Brice Clotaire Oligui, qui a dû se mettre hors des rangs de l’armée, pour respecter les dispositions constitutionnelles, est préoccupé par la course à la présidence, compétition dans laquelle il sera face à sept challengers qui, sauf tsunami, ne feront que l’accompagner vers un fauteuil présidentiel qu’il connaît bien. Avec la virginité que lui procureront les urnes, le général qui a mené une campagne tonitruante sur des pas de «break-dance», devra tout de même continuer à rassembler large, jusqu’aux derniers instants avant l’élection, afin de se donner une victoire éclatante, à la hauteur des aspirations d’un peuple qui espère le changement, le vrai. Un succès électoral qu’essaieront de lui contester Gninga Chaning Zenaba, la seule et première femme à aller à l’assaut du palais de bord de mer, et les autres candidats, en l’occurrence, Stéphane Germain Iloko Boussengui, Axel Stophène Ibinga Ibinga, Joseph Lapensée Essingone, Alain Simplice Boungoueres, Alain-Claude Bilie-By-Nze, et Thierry Yvon Michel N’Goma.

Comme en Afrique, selon la formule classique, non écrite mais bien appliquée, «on n’organise pas les élections pour les perdre», il faut espérer tout de même que ce scrutin, soit ouvert et transparent, pour augurer d’une nouvelle ère politique dont rêve le peuple gabonais.

Par Wakat Séra