Que va-t-il se passer en Gambie dans les prochains jours ? En tout cas, ça sent le roussi, et c’est peu de le dire. Yahya Jammeh, 22 ans de règne sans partage, qui avait reconnu contre toute attente sa défaite à l’issue de l’élection présidentielle du 1er décembre 2016, a opéré un revirement sans commune mesure. Mais si, le fantasque de Banjul, après plusieurs essais vains, a essayé de jouer la carte de la cour suprême pour invalider la victoire et empêcher l’investiture de son challenger Adama Barrow, le champion de la coalition de l’opposition, il ne sait plus à quel diablotin se vouer. Il a rejeté la main tendue du Nigeria qui est prêt à l’accueillir s’il lâche prise sur un pouvoir qui ne lui appartient plus, selon le verdict des urnes. Le Nigeria, Yahya n’en veut sans doute pas, échaudé par l’épisode Charles Taylor qui en a été expédié comme un colis, à la Cour pénale internationale (CPI), bien que promesse lui a été faite de le laisser se la couler douce dans ce qui était devenu son pays d’exil.
Les dirigeants ouest-africains ne devraient plus reconnaître Yahya Jammey comme président de la Gambie. Il se retrouvera isolé, bien que son pays soit pleinement entouré par le Sénégal dans le flanc duquel la nature l’a incrusté, lui laissant juste une ouverture sur l’océan Atlantique. Face à son entêtement, la communauté internationale, notamment la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) qui n’a pas cesser de bander les muscles, se résoudra-t-elle à déloger par la force, comme elle le prévoit, l’homme au sabre ? Si tel est le cas, l’armée gambienne qui semble toujours sous la coupe de Yahya Jammey soulèvera-t-elle la baïonnette ou le drapeau blanc ? Le 19 janvier n’étant plus loin, comment faire pour sortir Adama Barrow de sa cachette dakaroise pour le faire roi à Banjul ? Autant d’équations qu’il faudra résoudre pour éviter à la Gambie de sombrer dans une crise socio-politique qui ne sera en réalité dramatique que pour des populations déjà meurtries par plus de deux décennies du joug Jammey. Nul doute que les vertus de la démocratie incarnées par l’alternance par les urnes écartent d’office Yahya Jammey du pouvoir. Dans l’espoir que le peu de lucidité qui reste à Jammey, lui serve à épargner les affres des conflits à son peuple qu’il dit aimer au point de ne pas vouloir le quitter, il urge de trouver pour la Gambie, une solution loin des crépitements des canons. Et cela passe par les sentiers de la négociation, du dialogue et de la sagesse.
Par Wakat Séra