Accueil A la une Génocide des Tutsis rwandais: ce passé qui ne passe pas!

Génocide des Tutsis rwandais: ce passé qui ne passe pas!

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Ces rituels de commémorations qui remuent le couteau dans la plaie du génocide (Ph. d'illustration Justice Info)

100 jours pour fermer la plaie du génocide ou y remuer le couteau? En tout cas, c’est reparti pour les 100 jours des commémoration annuelles du génocide des Tutsis au Rwanda. Durant cette période, les Rwandais se souviendront, à travers diverses cérémonies, de cette page sombre de l’histoire de leur pays. Ouverte le 7 avril 1994, la parenthèse de sang ne se refermera que le 17 juillet de la même année. Un triste événement dont les signes annonciateurs se sont manifestés par des dizaines d’années de tueries, avant d’atteindre son point culminant.

Les années ont passée et les initiatives pour exorciser le mal se sont succédé, mais le traumatisme demeure intact, notamment dans les nombreuses familles, dont certaines ont été presque, ou totalement décimées. Les procès, dont les fameux «gacaca», les tribunaux populaires, ont fait défiler devant les juges, des présumés auteurs principaux et secondaires. Les cours de justice internationales et rwandaises n’ont pas chômé, pour envoyer derrière les barreaux ou blanchir, des accusés. Mais, les séquelles du génocide, profondes, indélébiles et insubmersibles remontent toujours à la surface, surtout lors des rituels annuels des commémorations de cette tragédie et l’existence des lieux de souvenir, comme le Mémorial du génocide rwandais, érigés pour ne pas oublier ce passé qui ne passe pas!

Le drame, puisque c’en était bien un, a mis en scène, dans une arène lugubre, des Rwandais montés contre d’autres Rwandais, qui se sont, surtout à l’aide d’armes blanches, notamment des machettes, affrontés à mort, sur fond de haine ethniciste entre Hutus et Tutsis. Les puissances occidentales, la France en l’occurrence, ont, selon des experts et historiens, une énorme part de responsabilité dans cette bêtise humaine, elles qui ont cherché à maintenir la domination du pouvoir hutu sur les populations minoritaires tutsis. La guerre est finie, mais ses répercussions, tant au Rwanda que hors de ses frontières, continuent de se faire sentir, plus particulièrement chez le voisin de la République Démocratique du Congo où de nombreux Tutsis ont dû trouver refuge. La commission indépendante d’enquête, mise en place sous les auspices de l’ONU, évalue à, au moins 800 000, la comptabilité macabre de Rwandais tués, dont la majeure partie est constituée de Tutsis.

Grâce à l’esprit de pardon et de réconciliation, mais aussi par le biais de divers mécanismes de répression contre l’apologie de génocide, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis lors, instaurant un vivre-ensemble appréciable, dans un Rwanda nouveau, où victimes et bourreaux d’hier, se parlent aujourd’hui en «frères». Il n’en demeure pas moins que des moments comme ces 100 jours de commémorations, qui ont débuté ce lundi 7 avril, n’en ravivent pas moins des souvenirs douloureux que seule la solidarité manifestée les uns à l’endroit des autres, atténue plus ou moins. Bien que cela est contraire au but visé, c’est un retour sur l’événement, qui remue, forcément, le couteau dans une plaie dont le temps de cicatrisation totale, ne peut être déterminé. Même que toute maladresse et surtout acte malveillant dont les politiciens aux desseins égoïstes et très personnels ont, seuls, le secret, pourrait ressusciter les démons génocidaires, qui n’ont jamais cesser de rôder autour des communautés et pays où le lit leur est fait.

Par Wakat Séra