Le secrétaire permanent de la Commission nationale de lutte contre la prolifération des armes légères (CNLPAL), le colonel Christophe Raoul Tapsoba, a demandé, dans un entretien accordé à Wakat Séra, aux partenaires techniques et financiers d’accompagner l’Etat burkinabè dans l’organisation des ateliers et formations entrant dans le cadre de la gestion de l’armement et des munitions pour les forces de défense et de sécurité, en proie actuellement à des attaques terroristes notamment au Nord et à l’Est du pays.
Wakat Séra: Dans quel cadre s’inscrit la formation des officiers sur la gestion des armements qui a pris fin ce vendredi 30 mars ?
Colonel Christophe Raoul Tapsoba: Il faut dire que la formation qui a connu sa clôture aujourd’hui, entre dans le cadre d’une série d’activités que nous avons organisée depuis 2016. Il y a eu une série de planification qui a concerné les normes standards au niveau de l’utilisation des armes légères et de petits calibres. Il y a eu d’abord une planification qui a donc concerné la partie politique où nous avons eu à faire appel même aux parlementaires et à un certain niveau, des responsables militaires et paramilitaires, donc des forces de défense et de sécurité qui ont travaillé à amender ce premier dossier.
Ensuite nous avons eu des rencontres en 2017 pour passer à la phase opérationnelle et le document a été validé à ce niveau. Il restait maintenant la troisième phase qui consistait à faire la formation des formateurs, c’est-à-dire ceux qui sont capables maintenant d’aller vers les unités, les corps pour gérer les armes et les munitions de nos unités.
Quels sont les corps qui ont pris part à cette formation et comment a été faite la sélection des participants ?
Toutes les forces de sécurité et de défense ont été concernées. Quant à la sélection, nous sous sommes adressés à la hiérarchie qui a été chargée de la désignation. Et rassurez-vous car la désignation a été faite sur la base des spécialités. Il faudra d’abord être quelqu’un qui est commis à la tâche de l’armement et des munitions au niveau de son corps pour être désigné. Tous les stagiaires qui ont pris part à la formation, ont quand même un rudiment au niveau de l’armement et munitions. Donc on ne choisit pas n’importe qui mais des spécialistes et pour beaucoup, c’est un renforcement de capacité.
De façon succincte qu’est-ce qu’ils ont appris au cours de cette formation ?
Comme je disais tantôt, il s’est agi de mieux renforcer leur capacité en connaissance de la gestion de l’armement et de la sécurité physique des installations. C’est vrai qu’en tant qu’éléments déjà formés, ils possèdent un minimum de bagages à ce niveau que nous cherchons à renforcer et, il y a des normes sur les plans national, régional et international qu’il faut respecter. Il y a eu plusieurs modules qui leur ont été enseignés parce que même comment transporter les armes et les munitions, aujourd’hui, on est obligé de prendre ça en compte.
Il faut qu’on renforce autant que faire se peut leur capacité parce qu’aujourd’hui, tout peut arriver, vu ce qui se passe dans notre pays. Il y a plusieurs mobiles que nous avons enseignés et je pense que s’ils les appliquent, ça va nous éviter certains problèmes que nous avons connus dans certains pays. Tout dernièrement vous avez vu qu’à Bobo-Dioulasso (deuxième capitale), il y a eu une explosion due à des explosifs qui étaient gardés à la direction des Douanes.
Comment se fera le déploiement de ces futurs formateurs sur le terrain ?
Ce sont des gens qui sont déjà en activité et qui travaillent au niveau de nos magasins d’armement ou de munitions. Donc ils vont retourner dans leurs fonctions respectives et sauront ce qu’il faut pour mieux s’occuper des installations qu’ils avaient en charge.
Vous avez demandé au bureau régional des Nations unies pour le désarmement et la paix en Afrique (UNREC) de plaider votre cause auprès des autorités pour la consolidation des acquis de cette formation, quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?
Nous avons fait cette demande-là parce que si nous prenons le domaine de l’armée, nous voulons être capables d’organiser des ateliers propres pour chaque entité en vue de faire passer le message dont ne bénéficient pas certains qui ne participent pas à ce genre de formation. Par exemple on devait être capable d’organiser cette formation pour une unité comme l’armée de terre ou la police.
C’est vrai qu’aujourd’hui, avec tous les problèmes sécuritaires que nous avons, même enlever tant de franc CFA pour faire une formation, ce n’est pas aussi évident parce qu’il y a trop de priorités. Mais si nous avons des partenaires qui disent qu’ils vont prendre une formation en charge pour nous accompagner, ça sera la bienvenue. Sinon la sécurité incombe à l’Etat, donc nous devons compter sur nos forces aussi.
Par Mathias BAZIE