Le premier chef d’État Ghanéen, Kwame Nkrumah disparaissait, le jeudi 27 avril 1972, en Roumanie, loin de son pays. Cinquante ans après et pour les historiens, la radicalité de la pensée panafricaniste de cet homme d’État progressiste, en avance sur son temps, était la véritable cause de sa chute du pouvoir, a rapporté RFI.
Il y a cinquante ans disparaissait, le jeudi 27 avril 1972, à Bucarest (Roumanie)le premier chef d’État de la République du Ghana, Kwame Nkrumah, de suite d’ un cancer. L’homme vivait en exil depuis son renversement du pouvoir par les militaires en février 1966, a rappelé la radio publique française.
L’Armée ghanéenne a profité de l’absence du pays du président Nkrumah (en visite officielle en Chine) pour s’emparer du pouvoir. Ainsi, le Ghana devenait ainsi le septième pays en Afrique noire à se voir frapper par le syndrome de coups d’État militaires depuis le début des indépendances dans les années 1960.
Pour expliquer leur coup de force, les putschistes ont évoqué la grave crise économique que traversait la Gold Coast (Côte de l’Or)- Ghana actuel, sa dette extérieure insupportable, l’épuisement des réserves nationales, les pénuries qui frappaient la population, le chômage, la dévaluation de la monnaie ainsi que la dérive totalitaire du Convention People’s party (CPP), formation du président déchu.
En effet, le mécontentement contre le régime grondait depuis plusieurs années, comme en témoigne la multiplication des grèves et des manifestations qui se déroulaient à travers le pays en protestation contre la pratique de plus en plus mégalomaniaque et solitaire du pouvoir par le président.
À l’annonce du coup d’État, la population est descendue dans la rue pour fêter la chute de Nkrumah, allant jusqu’à traîner à terre la statue du président qui s’élevait devant le Parlement, a témoigné RFI.
Certains historiens voient derrière ce putsch la main de puissances occidentales, aux yeux desquelles le rapprochement du leader ghanéen avec l’Union soviétique et la Chine, doublé de son engagement pour l’unité panafricaine et le nationalisme économique.
D’ailleurs, des documents du Département d’État américain aujourd’hui déclassifiés ont clairement montré que le putsch avait été mené, comme l’a écrit le sociologue et militant tiers-mondiste Jean Ziegler, par «deux officiers subalternes, intimement liés à l’Intelligence Service britannique».
Déclaré persona non grata au Ghana par le Conseil de libération qui a pris le pouvoir à Accra, Kwame Nkrumah ne remettra plus les pieds de son vivant au Ghana. Il a trouvé asile en Guinée de Sékou Touré (Conakry) où il restera jusqu’à la fin de ses jours, avant de mourir d’un cancer dans un hôpital à Bucarest en 1972.
Par Lassané SAWADOGO (Stagiaire)