Il reprend les clés de la maison qu’il a quittée en janvier 2017. Il revient surtout en tant que prédécesseur et successeur du président sortant, Nana Akuffo-Addo. Lui c’est le champion du Congrès national démocratique (NDC), le principal parti de l’opposition ghanéenne, John Dramani Mahama qui reprend le gouvernail du navire battant pavillon Ghana ce mardi 7 janvier.
Comme Donald Trump aux Etats-Unis et Lula Da Silva au Brésil, John Dramani Mahama, est de retour au palais présidentiel. Alors que les résultats n’avaient même pas été proclamés, le candidat malheureux, dans un fair-play rare pour des élections sous les tropiques, avait déjà pris son téléphone pour féliciter son adversaire. Fait inédit en Afrique! Le Ghana confirme, ainsi, son ADN de pays de démocratie. Contrairement à ses footballeurs en pleine descente aux enfers, alors que les Ghanéens portaient si bien leur surnom de «Brésiliens de l’Afrique», les «Black Stars politiques» ont écrit, une fois de plus, en lettres d’or, une belle page de l’histoire de leur pays, à la suite, des élections générales du samedi 7 décembre.
En tout cas, c’est aux couleurs de la revanche que John Dramani Mahama accomplira son second mandat présidentiel, car, il faut le dire, c’est, bel et bien, le bilan économique catastrophique du Ghana, le pays faisant face à une inflation et un endettement sans commune mesure, qui a contribué à la chute du parti au pouvoir, et favorisé le retour au palais présidentiel de l’opposition. Comme un clin d’oeil du destin, c’est la même mauvaise gestion économique qui avait été reprochée à celui qui se présente comme le «bâtisseur de la nation», pour lui barrer, en 2016, l’accès au second mandat, dans un duel entre lui et…Nana Akufo-Addo. John Dramani Mahama, devra, donc, apprendre de ses erreurs, et tirer leçons du double mandat de son prédécesseur, pour redonner espoir aux Ghanéens, notamment à une jeunesse désenchantée, qui ne rêve plus que de prendre la route de Londres ou de Washington.
Pourtant, le Ghana est le premier pays producteur d’or en Afrique, faisant honneur à son premier nom, «Gold Coast», et occupe le deuxième rang mondial de producteur de cacao. Comme quoi, tout ce qui brille n’est pas or, car, le pays de Kwame Nkrumah, grand corps malade, a été contraint, à se tourner vers le Fonds monétaire international (FMI), pour profiter de la perfusion de l’institution de Bretton Woods, sous forme de prêt, de trois milliards de dollars! De plus, les populations ne cessent de dénoncer la cherté de la vie, marquée par le prix élevé du carburant, et chose paradoxale, le coût élevé de l’électricité, malgré la présence, en terre ghanéenne du grand barrage d’Akossombo.
Tout est donc accompli pour John Dramani Mahama qui signe, cependant, son «come back» dans un contexte politique sous-régional bien différent de celui de son premier passage. Il y a toujours la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), au sein de laquelle son pays tient une place de choix. Mais il y a également la Confédération des Etats du Sahel (AES), regroupant le Mali, le Burkina Faso et le Niger, qui ont claqué la porte de la CEDEAO, mais affichent leur volonté d’ouverture à l’endroit des ressortissants de l’organisation ouest-africaine. Du reste, les dirigeants de l’AES, figurent bel bien sur la liste des prestigieux invités à l’investiture de leur désormais homologue ghanéen.
Une chose est certaine, John Dramani Mahama, qui retrouve le fauteuil présidentiel doit avoir la claire vision de ce qui l’attend comme challenges à relever, pour donner de nouvelles couleurs à l’économie ghanéenne, et l’espérance à ses concitoyens, surtout qu’il risque de ne pas bénéficier du moindre état de grâce, tant les priorités sociales sont énormes. Le «sauveur» sera-t-il à la hauteur des attentes du peuple? Wait and see!
Par Wakat Séra