Inadmissible, impensable, impardonnable, etc. Le dictionnaire des mots n’a pas été assez étoffé, pour qualifier l’insulte faite à toute la nation française, par un citoyen qui a osé agresser physiquement le président Emmanuel Macron alors que celui-ci est arrivé, dans son tour de France, ce mardi, dans le département de la Drôme, à Tain-l’Hermitage, dans le sud-est du pays. Quelle mouche a donc piqué ce distributeur de «gifle présidentielle», comme a qualifié cet acte, un internaute interloqué, face à la laideur du geste? Comme il fallait s’y attendre, c’est sans couleur politique que les condamnations ont fusé sur la toile. Certes, les présidents, en ont vu des vertes et des pas mûres à travers le monde, mais l’agresseur de Macron, dans la Drôme, lui n’y est pas allé, c’est le cas de le dire, de main morte. L’enfarinage de François Hollande, alors candidat à l’Elysée en 2012, ou les deux jets de chaussures esquivés par Georges W. Bush à Bagdad, il y a un peu plus de 12 ans, ou encore l’animosité ouverte d’enfants de la maternelle ou l’insulte d’un pompier contre le même Emmanuel Macron, pour ne citer que ces actes malheureux, sont peu comparables à cette gifle sortie de nulle part.
Il faut reconnaître que le président Emmanuel Macron, à travers son discours souvent discourtois et pas trop paternaliste et ces comportements cavaliers de gouverneur de colonie, est souvent passé à côté du respect de l’aîné, valeur fondamentale dans la société, notamment sous les tropiques. Difficile d’oublier la visite du jeune, fringuant et tout nouveau président français au Burkina Faso et son passage, le 28 novembre 2017, à l’université de Ouagadougou, où il a bien embarrassé plus d’un. Répondant à la question d’une étudiante, Emmanuel Macron, usant à souhait de l’humour, a lancé quelques piques, à son hôte. Florilège: «Moi je ne veux pas m’occuper de l’électricité dans les universités au Burkina Faso!» Affirmation du président français dans l’hilarité généralisée. Indiquant de la main son homologue burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré, il poursuit: «C’est le travail du président!» Et il en rajoute quelques couches, alors que le président burkinabè quittait la salle. Morceaux choisis: «Du coup, il s’en va. Reste là! Du coup il est parti réparer la climatisation». Si le chef de l’Etat burkinabè est revenu dans l’amphithéâtre qui accueillait ce discours historique de Emmanuel Macron à l’endroit de la jeunesse africaine, c’était peut-être pour éviter l’incident diplomatique, sauf que sa brève disparition avait été officiellement expliquée par un besoin naturel. Que dire du ton martial et autoritaire du président français, lorsque celui-ci convoquait, les dirigeants du G5 Sahel, pour clarifier leurs positions sur la présence de la force française Barkhane dans cette partie de l’Afrique, au sommet qui les a réunis à Pau en France le 13 janvier 2020?
En tout cas, comme l’ont relevé plusieurs internautes, ce n’est pas dans la Russie de Vladimir Poutine, encore moins en Corée du nord de Kim Jong-un, et même pas en Afrique que le premier venu, quel que soit le degré élevé de sa témérité, peut se permettre de gifler un président de la République. Ces pays ne sont pas des exemples en matière de respect des droits humains, rétorqueront les parangons de la démocratie. Mais gifler un chef de l’Etat, est tout sauf de la démocratie. C’est même de l’anarchie, et ce n’est pas Emmanuel Macron qui dira le contraire! Et de cette démocratie, le continent noir, à notre humble avis, n’en veut pas! Comme le dirait l’autre, trop de démocratie tue la démocratie, car le lit est plutôt fait à l’indiscipline caractérisée.
Sans doute que force restera à la loi en France. Et si cela se trouve, la France pays où «liberté, égalité, fraternité» constituent la très belle devise, peut-être que le «gifleur de président», avec une bonne défense et le soutien d’organisations de la société civile du genre «gilets jaunes», bénéficiera même de circonstances atténuantes!
Par Wakat Séra