Accueil A la une Goma: Tshisekedi sort-il enfin de son trop long sommeil?

Goma: Tshisekedi sort-il enfin de son trop long sommeil?

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Paul Kagame (à gauche) et Félix Tshisekedi (Ph. d'archives)

Félix Tshisekedi appelle à la mobilisation générale! Faut-il en rire ou en pleurer? N’est-ce pas ce qu’on qualifie, en français facile, de «médecin après la mort»? Le tocsin sonné par le président de la République démocratique du Congo sera-t-il entendu par des populations de Goma, qui, s’étant longtemps senties délaissées par le pouvoir central, sont, aujourd’hui, contraintes de se terrer chez elles, alors que les rues sont jonchées de cadavres, que les hôpitaux refusent du monde et que Goma est plongée dans une crise humanitaire sans précédent, manquant de tout, à commencer par l’électricité et l’eau? En somme, pourquoi ce n’est qu’après le pire, dans une capitale du Nord-Kivu en plein chaos, que le premier des Congolais rameute les troupes autour d’une cause nationale qui a été, pendant longtemps comme le dernier de ses soucis?

S’il faut espérer que, comme un seul homme, le peuple congolais mette en branle toutes ses ressources, militaires comme politiques, pour sauver Goma et mettre fin à l’avancée du M23, dont l’appétit pourrait venir en mangeant, il ne faut pas occulter non plus que le ver est déjà bien dans le fruit. Ce qui est incompréhensible et inquiétant, depuis la résurgence des attaques du M23, c’est seulement maintenant que Félix Tshisekedi, dénonce la torpeur de la communauté internationale et appelle son peuple à la résistance! Dans le même temps, soufflant le chaud et le froid, le président de la RD Congo qui a refusé de se rendre au sommet convoqué par la communauté des Etats de l’Afrique de l’est, et annonce une riposte vigoureuse en préparation contre les envahisseurs, continue d’attendre les effets d’actions diplomatiques entreprises par son pays, sur le plan international, dans le sens du dialogue.

Pourtant, le Mouvement du 23 mars, formé par d’anciens officiers de l’armée entrée en rébellion, est presqu’en terrain conquis, lui qui avait déjà été maître de Goma, avant de quitter les lieux, en décembre 2012, sous une forte pression internationale et surtout, avec la promesse de voir ses revendications êtres résolues par le gouvernement central. Alors que le Rwanda accusé de soutenir le M23, nie toute implication dans ce conflit, Félix Tshisekedi reste sur le pied de guerre tout en croyant aux vertus de la négociation. Si toutes les guerres finissent, presque toujours autour d’une table, il faut, tout de même, une once de volonté de la part des protagonistes, pour faciliter la tâche à des potentiels médiateurs. Ce qui n’est, visiblement pas le cas actuellement, l’un, le Congolais, étant convaincu que le M23 sera bouté hors de la RD Congo par la force, et l’autre, qui serait le soutien du même M23, ne se reconnaissant pas dans ce rôle! Quelle chance donc pour ce dialogue mort avant de naître? Du reste, le morceau de la négociation ne sera pas facile à avaler par Félix Tshisekedi, en mauvaise posture sur ses propres terres!

Et pendant ce temps, comme à l’accoutumée, ce sont les populations civiles qui paient le lourd tribut à cette guerre qui amorce un autre tournant. Une phase décisive qui, si jamais elle tourne en sa défaveur, pourrait entraîner la chute de Félix Tshisekedi. N’est-ce pas, d’ailleurs, ce qui a sorti le président congolais de son profond sommeil, qui n’a que trop duré? Il est temps que Félix Tshisekedi apprenne qu’une guerre ne peut se gagner par le discours!

Par Wakat Séra