Joseph Sefounema Akoutou, étudiant en master II philosophie et stagiaire à Wakat Séra, qui a soutenu son mémoire, le mardi 26 septembre 2017 à l’Université Joseph Ki Zerbo à Ouagadougou, sur le thème : « L’Etat et sa gestion chez Machiavel, quel enseignement pour l’Afrique ? », plaide pour l’application « des remèdes politiques » proposés par le philosophe aux « maux politiques de l’Afrique ».
Partant du constat de la mal gouvernance dans les pays africains, ex-colonies de l’Occident, l’étudiant en philosophie qui a été sanctionné par une note de 16/20 pour son travail de mémoire que les membres de jury ont trouvé « riche en informations », invite les gouvernants africains à se référer au modèle de gouvernance suggéré par Machiavel.
« S’il y a une question qui hante l’Afrique sur le plan politique aujourd’hui, c’est bien à la fois la question de la liberté chère à Rousseau, celle de la stabilité chère à Machiavel et celle de la sécurité ou de la paix chère à Hobbes », a affirmé le Bénino-togolais, Joseph Akoutou pour qui la problématique de cette liberté et de paix « est en partie liée aux gouvernants africains bons élèves du système colonial et néocolonial ».
Selon M. Akoutou, « le politique machiavélien est en quête de paix, de justice, de quiétude à la dimension de toute la population. Machiavel recommande de savoir s’y prendre avec les grands et le peuple pour ne pas attiser l’injustice et les conflits qui en découlent ».
« Il n’y a pas de situation politique si fâcheuse que celle dans laquelle les appétits individuels troublent la quiétude du prince et celle de tous les peuples », selon l’étudiant en philosophie qui cite Machiavel qui demande aux dirigeants « d’éviter que le peuple soit opprimé des grands, choses préjudiciables à la paix sociale ».
Pour une gouvernance durable et stable, il faut « privilégier la loi » et la force n’intervient que lorsque cette « loi est transgressée et les corruptions gangrènent la sphère publique », selon Machiavel pour qui « un bon chef doit faire de la consolidation des frontières un souci personnel ».
Concernant la sécurité du territoire, Joseph Akoutou s’appuyant sur les pensées du philosophe, invite l’Afrique à « se doter d’armée et d’armes propres à elle », notant que « le recours aux armes d’autrui ou aux armés étrangères est un défaut politique contre lequel, (il) suggère, en se référant toujours à Machiavel, l’éducation des gouvernants africains à l’esprit républicain ».
L’étudiant Joseph Sejounema Akoutou avait comme directeur de mémoire le professeur titulaire de philosophie Jacques Nanema, un grand Nietzschéen internationalement réputé mais aussi grand technicien de la pensée politique. Le président du jury de la soutenance est Amadé Badini, professeur titulaire de philosophie de l’éducation et le troisième membre du jury, Cyrille Semdé, maitre-assistant, spécialiste de la philosophie de l’environnement mais aussi un fin penseur politique à travers la figure emblématique de John Rawls.
Daouda ZONGO