La politique de gratuité des soins pour les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes décidée en 2016 connaît des difficultés dans sa mise en œuvre, a reconnu, ce mardi 13 juin 2023, le ministre burkinabè en charge de la Santé, Robert Lucien Kargougou, au cours d’une séance plénière à l’Assemblée législative. Face aux députés, il a confié que l’Etat burkinabè doit des arriérés de plus de 30 milliards FCFA aux formations sanitaires dans le cadre de cette politique. Le ministre a par ailleurs assuré que des mesures sont prises par le Gouvernement de Transition afin de rendre cette politique plus efficace et efficiente.
Le ministre burkinabè en charge de la Santé, Robert Lucien Kargougou, était convoqué, mardi 13 juin 2023, à l’Assemblée législative de Transition (ALT) pour répondre à deux questions orales posées par des députés. C’est ainsi qu’il a été invité à présenter l’état de mise en œuvre de la politique de gratuité des soins pour les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes et les mesures prises par le Gouvernement de Transition face aux insuffisances dans la fourniture des consommables médicaux et les difficultés financières que rencontrent les comités de gestion des centres de santé.
Sur l’état actuel de la politique de gratuité des soins débutée depuis en avril 2016, le ministre a affirmé que la mesure connaît des difficultés, notamment financières. Il a d’abord rappelé que cette politique a été financée par l’Etat burkinabè avant de souligner que celui-ci doit une dette de plus de 30 milliards de francs CFA aux formations sanitaires. «De 2016 à mars 2023, ce sont plus 194 milliards de francs CFA que l’État a payé aux centres de santé contre une facture de plus de 225 milliards, ce qui dégage des arriérés de plus de 30 milliards au 31 mars 2023», a déclaré le ministre Kargougou devant les députés.
Cette dette de plus de 30 milliards de francs CFA s’explique, selon le chef du Département en charge de la Santé, par une insuffisance d’allocation des ressources financières à la gratuité des soins. Il a de ce fait plaidé pour une augmentation de l’enveloppe financière de la mesure.
D’autres difficultés entravent la mise en œuvre de la politique de gratuité des soins à en croire le ministre. Ce sont principalement «les ruptures de médicaments et des irrégularités relevées dans les formations sanitaires lors des contrôles», a-t-il indiqué. Ces irrégularités sont, entre autres, «des surfacturations des coûts, des paiements à tort, les rackets, la vente parallèle des produits aux bénéficiaires», a-t-il cité.
Dans son argumentaire devant les membres de l’ALT, le ministre Kargougou a souligné l’importance de la politique de gratuité des soins. Cette mesure est appliquée dans toutes les 2 328 formations sanitaires publiques et 29 privées fonctionnelles au Burkina Faso et touche 30% de la population burkinabè, a confié M. Kargougou.
Le ministre en charge de la Santé a rassuré que des mesures sont prises par le Gouvernement de Transition afin de rendre cette politique de gratuité des soins plus efficace et plus efficiente. Parmi ces mesures, il a cité le financement direct à hauteur de 14 milliards de francs CFA initié par le Gouvernement entre 2021 et 2022 à la Centrale d’Achat des Médicaments Essentiels Génériques (CAMEG) pour alléger ses dettes et favoriser la disponibilité des produits de santé dans les formations sanitaires.
Il y a également l’instauration d’un cadre de concertation mensuelle entre la CAMEG, les directions impliquées, les responsables des formations sanitaires pour le suivi des dettes. La digitalisation des prises de soins pour réduire les fraudes dans la surfacturation et la mise en place de la pharmacie hospitalière pour améliorer l’usage rationnel des médicaments, sont d’autres mesures évoquées par le ministre Robert Lucien Kargougou.
En rappel, les prestations couvertes par la politique de gratuité sont la gratuité des accouchements et des interventions obstétricales majeures, la gratuité des soins pendant la grossesse, la gratuité des soins chez les enfants de moins de cinq ans, la gratuité du dépistage des lésions précancéreuses du col de l’utérus, la gratuité de la planification familiale.
Par Siaka CISSE