La grève des enseignants, de l’avis du syndicat autonome de l’administration parlementaire, est une « opportunité pour le gouvernement d’apporter es réponses aux problèmes que connait le système éducatif.
Depuis octobre 2017, le monde éducatif est fortement ébranlé par les actions diverses de mobilisations et de lutte dirigées par la Coordination nationale des Syndicats de l’éducation. En effet, ces actions s’inscrivent dans une lutte de longue haleine autour d’une plate forme minimale de 2013 actualisé en 2016. Les points inscrits dans cette plate forme concernent :
- l’adoption d’un statut valorisant des personnels de l’éducation et de la recherche ;
- l’amélioration de l’accès à l’éducation ;
- l’amélioration des conditions de travail pour une efficacité du système éducatif ;
- la valorisation de la fonction enseignante.
A la lecture de ces points, l’on se rend compte que les acteurs syndicaux de l’éducation ont pris la pleine mesure des maux qui minent ce secteur sensible de notre pays. D’ailleurs, ce constat n’est pas isolé. En effet, le même diagnostic est posé sans complaisance dans le rapport de la Commission d’enquête parlementaire sur le système d‘enseignement au Burkina Faso en ces termes : « L’école burkinabè concentre depuis plusieurs années trois maux qui ont une grande influence sur les ambitions de développement du pays. Il s’agit de l’insuffisance des infrastructures d’accueil, de la médiocrité des rendements internes et externes, de l’insuffisance des capacités de gestion, d’administration et de planification du système éducatif ».
Ces maux qui gangrènent notre système éducatif, depuis plus de deux décennies, sont la conséquence de la démission des autorités suite à la mise en œuvre des Programmes d’ajustement structurel en 1991 imposés par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. En effet, ces politiques impérialistes et braconnières des valeurs de l’éducation burkinabè ont eu pour principaux corollaires la privatisation à outrance du secteur de l’éducation et la paupérisation grandissante des enseignants. Face à ce tragique sort imposé de l’extérieur à notre peuple, et à son l’école, les autorités nationales ont brillé, depuis environ trente ans, par une incapacité criarde à apporter des solutions appropriées pour sauver l’avenir de nos enfants.
C’est pourquoi, le Syndicat autonome du personnel de l’administration parlementaire (SYNAPAP) vient, par la présente déclaration, affirmer son soutien à la juste et légitime lutte de la Coordination nationale des Syndicats de l’éducation pour la démocratisation de l’école burkinabè et la valorisation des acteurs et de l’offre éducatifs.
En outre, le SYNAPAP invite le gouvernement à, au-delà des effets d’annonce, apporter des solutions concrètes et pérennes aux maux qui avilissent le monde de l’éducation. La bonne volonté du gouvernement pourrait se traduire dans la mise en œuvre des recommandations de la Commission d’enquête parlementaire sur le système d‘enseignement au Burkina Faso. A titre illustratif, il devrait utilement réaliser la première recommandation de la Commission qui dispose : « Accroître les financements publics destinés au développement du système éducatif en allouant au moins 35% du budget national à l’éducation sur une période d’au moins cinq (05) ans à l’issue de laquelle une évaluation sera faite et adopter un moratoire sur la passation des marchés publics dans le domaine de l’éducation pour la période 2018/2023 ».
Ainsi, le SYNAPAP estime que la Plate forme de la CNSE offre une opportunité historique au gouvernement d’apporter des réponses satisfaisantes au grand bonheur des enfants du Burkina Faso.
Par ailleurs le SYNAPAP, comprenant la mobilisation des scolaires, condamne la vague de répression dont ceux-ci ont été victimes les 15 et 16 janvier. Il appelle les forces de l’ordre à faire preuve de retenue et de professionnalisme dans l’accomplissement de leur mission.
De tout ce qui précède, le SYNAPAP :
- réaffirme son soutien à la juste et patriotique lutte de la CNSE ;
- encourage les laborieux travailleuses et travailleurs de l’éducation dans leur quête du minimum de bien-être au travail et dans la recherche de solutions appropriées pour l’avenir de l’école burkinabè ;
- interpelle le gouvernement sur la nécessité de mettre en œuvre les recommandations pertinentes du rapport de la Commission d’enquête parlementaire sur le système d‘enseignement au Burkina Faso ;
- condamne la vague de répression dont sont victimes les scolaires de notre pays ;
- salue l’entame des négociations entre le gouvernement et la CNSE en vue de trouver des solutions concrètes au problème de l’éducation.
Fait à Ouagadougou le 19 janvier 2018
Pour le Bureau exécutif du SYNAPAP
Albert B. KAMBIRE
Secrétaire général