Accueil Editorial Grève des transporteurs: Ouagadougou en panne sèche!

Grève des transporteurs: Ouagadougou en panne sèche!

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Files d'usagers à la recherche de carburant (Ph. wakatsera.com)

Le Burkina Faso fait face à une nouvelle crise dans un secteur vital de l’économie du pays des Hommes intègres, les transports. Les routiers, principaux acteurs de la fronde, qui réclament de meilleures conditions de travail et de vie pour eux et leurs familles.  Dans la lancée, ils veulent, entre autres, la tête du président de l’Organisation des transporteurs du Faso (OTRAF). Raison, celui-ci ne travaillerait que pour ses propres et seuls intérêts. Petite cause, grands effets, les camions citernes qui devraient ravitailler les stations-services sont bloqués, provoquant systématiquement une flambée des prix du jus au niveau des petites pompes de quartier. Dans le même temps, après avoir subi un afflux extraordinaire qui a eu pour conséquence de mettre à sec leurs stocks habituels, les stations de la capitale ont dû fermer. Rien de plus normal, vu que ces stations ne sont pas préparées à ces assauts monstres de consommateurs soucieux de remplir leurs réservoirs et faire des réserves au cas où. Pire, le malheur des uns faisant le bonheur des autres, les petits revendeurs à la sauvette profitent de la détresse des usagers confrontés à une pénurie d’essence qui ne dit pas son nom, pour se livrer à une spéculation sauvage sur le prix du litre qu’ils ont fait augmenter d’un peu plus de 600 à 1000 francs CFA.

Comment en est-on arrivé à un tel niveau de désagrément pour les populations, mais surtout de perte pour l’économie burkinabè?  Pourtant, des signes avant-coureurs, ne serait-ce que l’alerte des citoyens sur les réseaux sociaux, auraient pu, et même dû permettre à l’Etat de prendre les dispositions idoines pour contrer cette crise. Mais visiblement, comme en d’autres occasions, l’effet de surprise  a encore joué. A moins qu’on ait voulu provoquer, ou profiter de cette crise pour en masquer une plus grande ou faire passer une mesure impopulaire. A moins que les vacances gouvernementales qui concernent une partie de l’exécutif aient empêché de désamorcer cette énième crise. Sans oublier qu’une récente crise des mêmes transporteurs avait nécessité l’implication personnelle du chef de l’Etat et d’autorités coutumières et religieuses pour connaître dénouement. Malheureusement, le jus a encore manqué! C’est comme si rien, ou pas grand-chose en tout cas,  n’a été fait pour ne pas en rajouter à la détresse des Burkinabè déjà confrontés au frappes jihadistes et à d’autres soucis existentiels tels qu’avoir un bon repas par jour ou assurer la scolarité des enfants. Fort heureusement, les négociations se poursuivent et le gouvernement aurait pris les choses en main pour faire chuter la fièvre. Il est temps que le jus coule à nouveau dans les robinets des stations-services pour que la crise fasse moins de dégât sur l’économie burkinabè et la vie sociale. Il ne faudrait pas oublier que même la nationale de l’Electricité a besoin de carburant pour alimenter les foyers et l’industrie.

En tout cas, il urge de mettre fin à ces arrêts de travail qui portent toujours un coup à l’économie. Certes, le pays a connu une accalmie depuis les dernières manifestations qui ont ébranlé le ministère burkinabè en charge de l’Economie. Mais il est plus qu’impératif de mettre fin à ces débrayages qui peuvent trouver solution par la conscientisation de tous les travailleurs sur l’impact négatif de ces actions sur la vie du pays. «Gouverner étant prévoir», il faut surtout que l’Etat pense réellement au mieux-être durable des populations. Sinon, à ce rythme où les grèves deviennent comme le sport favori des travailleurs, il se peut qu’un jour le président du Faso himself aille en grève contre les…grèves.

Par Wakat Séra