Depuis leur disparition, le 9 juillet 2024, Oumar Sylla alias Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah, tiennent la rampe de l’actualité et alimentent toutes les rumeurs à Conakry. Les interrogations s’amoncellent sur leur sort, aiguisant de plus en plus une inquiétude dans leurs familles biologique et associative. Les deux leaders du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), sont totalement sortis des radars, leurs positions n’étant, visiblement, connues que de leurs seuls ravisseurs. Selon les témoignages du jeune militant du FNDC, Mohamed Cissé, qui complétait le trio des victimes de l’opération «enlèvement» avant d’être remis en liberté, les «deux disparus» ont même subi des violences physiques au moment où ils ont été interpellés et conduits vers une destination toujours inconnue de leurs proches et de leurs conseils. Qu’ont-ils commis comme crime? Où sont-ils? Ont-ils connu le même traitement et la même fin que l’ancien chef d’Etat-major des armées guinéen, le colonel Sadiba Coulibaly, mort en détention, dans des conditions bien encore floues? Que subissent-ils comme traitement?
Certainement que Foniké Mengué et Mamadou Billo Bah sont loin d’être entretenus comme des chiens en plâtre, eux qui ont «osé» contredire l’homme fort de Conakry, dont ils décrient la transition sans fin, tout en portant la lutte contre la vie chère. Leur «crime» est d’autant plus inacceptable par le pouvoir sans partage du général Mamadi Doumbouya, que celui-ci ne tolère la moindre contradiction, en témoignent les lourdes répressions qui s’abattent sur les citoyens guinéens qui s’aventurent à réclamer, dans la rue, le plus petit des espaces de liberté. Les opposants dont Cellou Dalein Diallo, qui ont été contraints à l’exil, en savent bien un bout des réactions énergiques et épidermiques du régime Doumbouya!
Tout porte à croire que le général qui fait preuve de sa ferme volonté de gérer «sa» transition à l’abri de tout regard critique, ne permettra aucune voix discordante à la sienne. C’est dans cette logique que les suspensions de médias, la dissolution de structures comme le FNDC, la réduction au silence de voix comme celles de Foniké Mengué et Mamadou Billo Bah, l’éloignement des opposants d’envergure de la Guinée, etc., constituent le mode de gouvernance du général Mamadi Doumbouya. Pourtant, le putsch militaire de Doumbouya, colonel au moment des faits, avait suscité beaucoup d’espoir de retour à une véritable démocratie, et de ce fait, applaudi des deux mains par des Guinéens qui pensaient avoir vécu le pire avec les pouvoirs précédents, de Lansana Kouyaté, à Alpha Condé, en passant par Dadis Camara.
En tout cas, avec la chape de plomb qu’il fait peser sur ses concitoyens, le général entend faire passer un message bien clair, celui de faire régner la peur sur un peuple guinéen qui doit, en plus, supporter les affres de la vie chère qui l’étranglent. Le sauveur du 5 septembre 2021, mue véritablement en bourreau sans état d’âme, prêt à mettre militaires et politiciens au pas. Et il faut, sans doute, s’attendre à ce qu’il franchisse d’autres étapes qui lui permettront d’échapper aux contraintes propres à tout Etat de droit qui se respecte.
Mon général, libérez Foninké Mengué et Mamadou Billo Bah! Libérez le peuple guinéen de ce nouvel étau dans lequel vous l’enserrez, après son long calvaire sous vos prédécesseurs! C’est certain, la Guinée vous en sera reconnaissante demain!
Par Wakat Séra