Le bilan des morts depuis le début du cycle des manifestations pour la défense de la Constitution et contre le troisième mandat que viserait le président guinéen, Alpha Condé continue de s’alourdir. Le chiffre inquiétant de 28 personnes tombées sous les balles alors qu’elles manifestaient simplement pour la démocratie, a été atteint selon RFI. Des manifestations qui leur ont été fatales parce que le dirigeant qu’ils ont élu pour leur assurer mieux-être et sécurité, n’entend plus respecter les règles du jeu démocratique. Pourtant, c’est ce merveilleux jeu de l’alternance qui lui a permis de s’installer dans le fauteuil présidentiel. Alpha Condé, puisque c’est de lui qu’il s’agit a décidé, envers et contre tous, de modifier la Loi fondamentale du pays pour s’ouvrir un boulevard royal vers la reconquête illégal et illégitime du pouvoir. Car, la course éperdue vers les élections législatives de février ne sont, ni plus, ni moins que le moyen pour l’ancien opposant historique devenu président de prendre en otage l’assemblée nationale pour tripatouiller en toute quiétude, les textes fondamentaux de la Guinée. Il en est arrivé à oublier que son élection en décembre 2010, résultats miraculeux du reste, parce que les chiffres du premier tour de la présidentielle étaient largement en sa défaveur, été saluée comme une chance pour son pays de goûter aux merveilleuses senteurs de la démocratie.
Quel est le seuil que le pouvoir de Conakry s’est fixé dans la comptabilité macabre et la dégradation des biens de l’Etat pour revenir à la lucidité? Tout porte à croire que le président guinéen reste sourd à l’appel de son peuple meurtri et portant encore les stigmates indélébiles de plusieurs drames dont les massacres du 28 septembre 2009 qui se sont soldés par la mort d’au moins 156 personnes et le viol de 109 femmes, selon des chiffres de l’ONU. D’ailleurs, les victimes et parents de victimes attendent toujours la fin de la procédure judiciaire de cette affaire. Et c’était encore un meeting de l’opposition qui a viré au cauchemar parce les Forces de défense de la junte au pouvoir à l’époque avaient les doigts qui leur démangeaient sur la gâchette et le bas-ventre en feu. Est-ce un autre remake de ce triste épisode de la vie de la Guinée que le pouvoir veut jouer? En tout cas, les ingrédients se mettent progressivement en place, compte tenu de l’entêtement de Alpha Condé et de la détermination du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) à manifester jusqu’au retrait du projet. Quel sera l’impact des dernières consultations entreprises par les communautés religieuses auprès des «pour» et «contre» modification de la constitution? La question reste posée malgré son importance vitale pour les Guinéens qui voudraient bien éloigner pour de bon les fantômes de la division et des tueries. Malheureusement, l’Union africaine (UA), la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), les pays partenaires de la Guinée, dont la France, en somme, la communauté internationale si prompte à jouer les pompiers dans les crises, restent étonnamment atones et même aphones sur ce cocktail explosif en préparation.
La démocratie sera-t-elle juste une parenthèse ouverte et fermée juste le temps d’une décennie de pouvoir d’un opposant historique devenu président? Ce sera vraiment dommage pour ce vaillant peuple qui voudrait bien, penser désormais au développement qu’aux violences entretenues par des politiciens aux sombres desseins égoïstes. Qu’est donc devenu le Alpha Condé, que tous ont chanté le nom afin qu’il soit libéré des serres de régimes de fer qui en avaient fait leur tête de Turc?
Par Wakat Séra