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Guinée: il faut sauver le soldat Alpha!

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La Guinée va-t-elle encore balancer dans les violences? (Ph. d'illustration)

Tic tac tic tac! Dans le sens irréversible des aiguilles d’une montre, Alpha Condé est en train de conduire la Guinée vers le chaos redouté par tous. Il tient à ses élections législatives et son référendum constitutionnel couplés qui devraient lui ouvrir, in fine, le boulevard de la présidence à vie. Annoncé pour le 1er mars prochain, le double scrutin qui constitue actuellement la hantise d’un pays qui a longtemps été tenu de main de fer par les différents dirigeants qui se sont succédé et dont lui-même Alpha Condé avait été le souffre-douleur. Et avec son avènement au pouvoir, en 2010, suite à une élection démocratique dont le deuxième tour n’a pas encore livré tous ses secrets, le président guinéen était vu comme l’homme qui devait consolider cette démocratie encore bien vacillante dans un pays où l’alternance par les urnes était un rêve irréalisable. C’était la loi de la baïonnette et la répression des manifestants et autres opposants la spécialité de forces de l’ordre à la gâchette très facile. Les abus sur des populations aux mains nues, criant leur ras-le-bol des règnes dictatoriaux et souhaitant humer les effluves bienfaisants de la démocratie ; ne se comptaient plus, en témoigne le dernier massacre du 28 septembre 2009, dont la justice peine à démêler les nœuds et juger les coupables et responsables.

Le Professeur Alpha Condé, va-t-il réécrire l’histoire de la Guinée avec une plume trempée dans le sang de victimes dont la liste ne fait que s’allonger depuis qu’il rêve d’un troisième mandat? Peuple opprimé, opposants muselés, défenseurs de droits de l’homme traqués, tel est devenu le programme de gouvernance de l’opposant historique qui, lâché de toute part, vient de réquisitionner l’armée, mise en alerte depuis le mardi 25 février, dans toutes ses composantes, pour mener à bout son funeste dessein dont le premier acte est prévu pour ce 1er mars. Si la lutte du Front national pour la défense de la constitution (FNDC) et l’opposition politique se battent pour contrer l’entreprise suicidaire de Alpha Condé, en multipliant les mouvements de protestation, plus ou moins bien suivis, nombre de pays étrangers comme les Etats Unis et d’institutions internationales comme l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), l’Organisation des nations unies et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), pour ne citer que ceux-là, ont refusé d’avaliser ce coup de poignard à la démocratie. Cellou Dalein Diallo, président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) et chef de file de l’opposition avait déjà donné le ton depuis lors: «faire barrage à la mascarade électorale». Et c’est dans cette logique que les opposants guinéens ont décidé de boycotter ce double scrutin qui ne peut qu’annoncer le gouffre pour la démocratie guinéenne. Alpha Condé pourra-t-il raison retrouver pour remettre la Guinée sur les rails de la démocratie et donner la chance à son peuple de connaître une nouvelle alternance démocratique, comme le recommande la loi fondamentale de son pays? Ou bien le président octogénaire fêtera-t-il ses 82 ans, le 4 mars prochain dans une Guinée à feu et à sang?

En tout cas, pour le moment, Alpha Condé a réussi la prouesse de grossir le rang des opposants qui ont trahi la confiance des Africains, en confirmant les propos de Jacques Chirac qui peut être considérer, depuis sa tombe comme un prophète: «L »Afrique n’est pas mûre pour la démocratie». Ainsi parla l’ancien président français. Qui peut encore sauver le soldat Alpha Condé qui fonce droit dans le mur? L’armée sera-t-elle une fois de plus poussée à prendre ses responsabilités, chose qu’aucun démocrate ne souhaite? Tic tac tic tac!

Par Wakat Séra