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Guinée: le capitaine rattrapé par les morts et les violées du 28 Septembre!

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Le capitaine Dadis Camara (salut militaire) et son aide de camp, Toumba, au temps de leur puissance

Moussa Dadis Camara condamné à 20 ans de prison ferme! Le capitaine doit même se réjouir de la clémence de ce verdict, car le tribunal n’a pas eu la main lourde que lui demandaient les réquisitions. Celui qui a fait la pluie et le beau temps pendant 12 mois en Guinée, a bien frôlé la perpétuité. Et c’est la plus grande leçon de ce procès fleuve, qui a duré près de deux ans: le puissant et intouchable d’hier, a été jugé comme un citoyen lambda et a récolté ce qu’il a semé. Un scénario cauchemar qui n’a sans doute jamais traversé l’esprit du capitaine Dadis, au temps où il était omniscient et omnipotent, aveuglé par le pouvoir qui lui faisait croire qu’il avait droit de vie et de mort sur tous les Guinéens. Il ignorait, certainement, qu’il porterait devant la justice, la responsabilité, du massacre d’au moins 156 personnes et du viol, à ciel ouvert, de 109 femmes, sans oublier les centaines de blessés, marqués à vie, des séquelles et du traumatisme de cette journée noire de l’année 2009. C’était un 28 septembre dans le stade éponyme de Conakry.

Pendant près de deux ans, dans un jugement émaillé d’incidents dont l’évasion spectaculaire du colonel Claude Pivi, ministre de la sécurité présidentielle à l’époque des faits, toujours introuvable depuis le 4 novembre 2024, et qui a, logiquement, ramassé la perpète, ayant été jugé par contumace. C’est une requalification des faits en «crime contre l’humanité», qui a permis au tribunal de Dixinn de servir au capitaine Moussa Dadis Camara et Cie, ces peines qui ont provoqué l’ire de la défense, qui compte faire appel, de la décision de justice. Mais si le capitaine et ses 10 co-accusés ont répondu de leurs actes, justice a-t-elle réellement été rendue aux morts, blessés et violées du 28-Septembre? En tout cas, s’il faut saluer la tenue de ce procès auquel peu de personnes croyaient encore, en dehors des associations et autres mouvements de défense des droits humains, il faut reconnaître que nombre de victimes auraient bien voulu voir leurs bourreaux pendus haut et court ou finir leur vie derrière les barreaux. En attendant l’appel que ne manqueront pas de faire certains condamnés et leurs avocats, il faut espérer que les réparations financières suivent également, dans la diligence, les peines privatives de liberté, afin que nombre de familles dont les victimes étaient des piliers, retrouvent, quelque peu, le sourire.

Le capitaine Moussa Dadis Camara qui coulait une vie tranquille de «convalescent» à Ouagadougou, après s’être fait tirer dessus par Aboubacar Diakité dit «Toumba», son propre aide de camp à l’époque, méditera, sans doute, pendant ses jours et nuits de solitude carcérale, sur les vertiges du trône. Et les dérives du pouvoir. Ironie du sort, c’est sous la transition présidée par son frère d’arme, le général Mamadi Doumbouya, pour qui il n’a eu que des louanges à son retour à Conakry, que le capitaine Dadis Camara a comparu en prisonnier, jugé et condamné. Question: ce procès en Guinée, tout comme celui de l’assassinat de Thomas Sankara au Burkina, qui a fini par avoir lieu après la chute de Blaise Compaoré, servira-t-il de leçon à tous ceux qui abusent du pouvoir pour martyriser leur peuple? Rien n’est moins sûr, car «cela n’arrive qu’aux autres», pensent ces dirigeants toujours grisés par le pouvoir, «leur» pouvoir!

Pourvu que, maintenant, les parents des morts puissent faire convenablement le deuil des leurs, à la fin de ce procès qui n’a certainement pas livré tous les secrets du drame du 28 Septembre en Guinée.

Par Wakat Séra