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Guinée: le général Doumbouya comme le capitaine Dadis?

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Le général Mamadi Doumbouya continue de dévoiler ses ambitions présidentielles

Le général Mamadi Doumbouya marchera-t-il dans les sillons du capitaine Dadis Moussa Camara, en se présentant à la prochaine élection présidentielle guinéenne annoncée, comme les autres scrutins, par les autorités de la transition, pour 2025? L’espoir est, encore, permis que le président de la transition ne fasse pas se répéter une histoire qui a endeuillé, en masse, la Guinée. Tenant compte du respect de la parole donnée, le militaire, de surcroît officier supérieur de son armée, devrait répondre, il faut l’espérer, non à l’appel des sirènes qui le pousse à chercher à garder les clés du palais de Sékhoutouréya, après en avoir été le locataire durant les trois années et plus, qu’a durée sa transition élastique à souhait.

A la seule idée de faire comme le capitaine Moussa Dadis Camara, dont il a réussi la prouesse d’organiser le procès, alors que le scepticisme de voir le jugement des responsables du massacre et des viols à ciel ouvert du 28 septembre 2009, avait gagné les Guinéens, le président de la transition devrait, au propre comme au figuré, changer son fusil d’épaule. Car, c’est face à la détermination de l’opposition, de la société civile et du peuple, de s’opposer à l’entreprise cavalière du capitaine Dadis Camara de présenter sa candidature à la présidentielle de novembre 2009, que le drame national du 28 septembre, au stade éponyme, est arrivé. En effet, après s’être auto-proclamé président, à la mort du général Lansana Conté, et avoir promis que ni lui, ni aucun membre de son Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), ni ceux du gouvernement de la transition, ne seront candidats, Dadis Camara a menacé de se présenter à l’élection présidentielle de 2009. Et ce qui devait arriver arriva!

Le général Mamadi Doumbouya qui ne s’est toujours pas prononcé officiellement, même s’il est pointé du doigt comme celui qui est derrière cette vague de personnes en mission de le réclamer, et même de l’imposer comme candidat, doit penser à cette belle trouvaille qu’est l’assistance vidéo, qui permet, dans un match de football, de revenir sur des actions litigieuses ou suspectes. Car, la VAR politique rappellera, sans complaisance, à l’actuel maître de Conakry, arrivé au pouvoir dans la foulée du putsch militaire du 5 septembre 2021, que lui et ses collaborateurs de l’époque, avait déjà tranché la question de sa candidature, que ça soit sur les plateaux de France 24, au micro de RFI, au petit écran de la RTG, la Radio télévision guinéenne, ou lors de cérémonies officielles.

Florilège des déclarations du général Doumbouya: «Je pense que j’ai été clair, et je voudrais l’être aujourd’hui encore avec vous, que ni moi, ni aucun membre de cette transition ne sera candidat à quoi que ce soit. (…) Je voudrais réitérer ici mon engagement, que ni moi, ni aucun membre du Comité national du rassemblement pour le développement et des organes de la transition, ne sera candidat aux élections… Nous devons œuvrer ensemble pour poser les bases d’une société réconciliée et engagée pour son développement socio-économique. (…) Que ça soit clair pour tout le monde, il n’y aura pas de recyclage. (…) Le CNRD rassure la communauté nationale et internationale, qu’il ne confisquera jamais le pouvoir. Les membres du CNRD, du gouvernement, et des autres organes de la transition, ne feront pas acte de candidature aux prochaines élections».

Même les proches de Mamadi Doumbouya se sont invités au débat de cette campagne, qui ressemble aujourd’hui, à de la poudre jetée aux yeux de l’opinion, pour faire passer la pilule du coup d’Etat, un coup de force qui avait, pourtant, été applaudi, ayant balayé le troisième mandat anticonstitutionnel du Professeur Alpha Condé. «Non seulement il ne sera pas candidat, il l’a affirmé au moment de l’élaboration du chronogramme consacré au retour à l’ordre constitutionnel», foi du ministre guinéen de l’économie numérique, en son temps, Ousmane Gaoual Diallo. Comme celui-ci, le secrétaire général de la présidence, à l’époque, Amara Camara, avait affirmé, sans détour: «Le CNRD, par sa bonne foi a démontré et dit clairement dans la charte de la transition, que ni le président, ni aucun membre du CNRD ne sera candidat à aucune élection».

Le discours du général Mamadi Doumbouya, ressemble, étrangement trait pour trait, à celui du capitaine Dadis Camara. Les actes seront-ils également du copier-coller? Oui! Rien ne prouve, en tout cas pour le l’instant, le contraire. Et malheureusement, le revirement spectaculaire se prépare dans un climat de répression, de morts et d’enlèvements inexpliqués. Les cas sont légion et suscitent de graves inquiétudes.  Des officiers militaires, comme le colonel Pépé Célestin Bilivogui, dont le corps sans vie a été retrouvé ce mercredi 25 septembre, soit un an après sa disparition et la mort en prison du colonel Sadiba Coulibaly, selon un communiqué publié le 25 juin 2024, s’enfilent aux disparitions depuis juillet, des deux militants du Front national pour la défense de la constitution (FNDC), Mamadou Billo Bah et Oumar Sylla alias Foniké Menguè. Et tout cela contribue, indubitablement, à enlaidir davantage, le règne de fer, de l’intérimaire Mamadi Doumbouya.

Comme quoi, le général est bien sur les traces du capitaine! Pour réécrire le même film, avec une fin tout autant similaire? Il est encore temps, pour le réalisateur, le général Mamadi Doumbouya, de changer de scénario, s’il veut continuer à porter le manteau du sauveur de la Guinée, que les populations ont applaudi le 5 septembre 2021!

Par Wakat Séra