La Cour de Répression des Infractions économiques et financières (CRIEF) est une cour de justice pénale de la République de Guinée, au premier et au deuxième degré. Un parquet qui, à travers l’Affaire de Air Guinée, perd de plus en plus de crédibilité au sein de l’opinion publique nationale car, à l’en croire, il serait plus tourné vers des Hommes politiques notamment sur la personne de l’opposant, Cellou Dalein Diallo, selon l’éditorialiste Marouane Camara.
Malhabile, sous ordres ou de mauvaise foi? La CRIEF, de par ses radars plutôt sélectifs qui ne semblent orientés, curieusement, que vers certains politiques, perd de plus en plus de crédit auprès de l’opinion.
Cette dernière voit en elle une machine à broyer du politique, chargée de décapiter la crème de la classe politique guinéenne. À des fins inavouables bien que faciles à deviner.
Vraisemblablement, la CRIEF, cet instrument qui n’est pas sans rappeler, par endroits, les méthodes de l’inquisition, a du mal à se débarrasser de l’étiquette d’instrument politico-judiciaire que n’hésitent plus à lui coller bon nombre de Guinéens. Une impression qui ne cesse de s’amplifier, à l’épreuve des faits et gestes des robins en tous genres qui y évoluent. Notamment un parquet qui, à l’allure où vont les choses, finira par transformer la prison de Conakry, déjà surpeuplée et insalubre, en un parc pour hommes politiques jugés dérangeants.
Comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, la CRIEF casse tout sur son passage dans un tintamarre assourdissant, avec des résultats peu probants jusque-là. Tout le monde attend qu’elle daigne enfin brandir ne serait qu’un début de preuves.
Pour le cas d’Air Guinée, qui est un exemple typique, l’acharnement politico-judiciaire saute aux yeux. Celui mené contre un homme dont le seul crime serait d’être perçu, par quasiment tous les observateurs de la scène politique guinéenne, comme le grandissime favori des élections présidentielles à venir.
Haro sur le baudet?
D’abord, il faut souligner ces faits indéniables. Premièrement, pour la liquidation de la Compagnie Air Guinée et la vente de ses actifs à Mamadou Sylla, en 2002, il est important de savoir ce qui suit :
1-la décision de privatiser la compagnie a été prise en Conseil des ministres, sous la pression des partenaires techniques et financiers (FMI, Banque mondiale…).
2- la décision de liquider la compagnie et de vendre ses actifs à Mamadou Sylla (Futurelec) a été prise par le Président de la République, le Général Lansana Conté, qui a pris un décret à cet effet.
3- L’application dudit décret a été le fait exclusivement du ministère de l’Économie et des Finances, à travers son Unité de Privatisation, comme il est loisible de le constater dans le rapport d’Audit.
4- Aucun cadre du ministère des Transports, de la Direction de l’Aviation Civile ou du Cabinet du ministre, n’a participé à la liquidation de la compagnie, ou à la détermination du prix des actifs cédés ou bien aux négociations avec le repreneur. Toutes ces opérations ont été menées exclusivement par le ministère de l’Economie et des Finances, comme le prescrit la loi sur la privatisation des Entreprises Publiques.
5- Il est donc absolument faux d’affirmer, comme le font les auteurs du rapport d’audit, que c’est Cellou Dalein Diallo, ministre des Transports à l’époque, qui a décidé de liquider la compagnie Air Guinée et de vendre ses actifs au Groupe Futurelec de Mamadou Sylla.
Fort malheureusement, malgré les démentis répétés de ce dernier, des gens de mauvaise foi continuent de soutenir urbi et orbi un mensonge tout nu.
6- Pour le rapport d’audit transmis par le CNRD à la CRIEF, et l’ouverture par celle-ci d’une information judiciaire contre les présumés responsables de la cession et la convocation de Cellou Dalein Diallo, il importe de noter :
Cellou Dalein n’a jamais rencontré les auteurs de ce rapport d’audit qui a servi de base à l’ouverture de cette information judiciaire, et n’a donc été interrogé par aucun d’entre eux avant, pendant et après l’Audit. C’est d’ailleurs seulement en 2022 que CDD a pris connaissance de ce rapport lorsqu’il a été diffusé par la presse en ligne.
Ceci étant, pourquoi on tient coûte que coûte à accabler Cellou Dalein dans une opération à laquelle, ni lui, ni les cadres de son ministère n’ont participé?
Même si les gens qui ont exécuté, en 2002, ces opérations de liquidation et de vente des actifs de Air Guinée à Air Guinée Express avaient commis des délits avérés, on ne peut plus les poursuivre 20 ans après, sauf par volonté ou par méconnaissance de nature à violer la Charte de la Transition, le Code pénal et le code de procédure pénale.
Certes, une Ordonnance a été prise en 2021 par le CNRD pour supprimer, dit-on, la prescription pour les délits économiques. Pour les besoins de la cause ? Qu’importe ! Au regard de nos lois, notamment des articles 12 de la Charte de la Transition, 5 du code pénal, 2 et 3 du code de procédure pénale, cette ordonnance ne peut être rétroactive, et ces cadres du ministère de l’Économie et des Finances qui ont mené ces opérations ne peuvent être poursuivis, même si des infractions avaient été commises dans l’exécution du décret du Président de la République, rappelle un magistrat.
Et Cellou Dalein Diallo dans tout ça?
Il n’y a aucun motif de l’interpeller dans cette affaire, sauf celui inavouable de salir son casier judiciaire à l’effet d’exclure de la course le candidat favori à la prochaine élection présidentielle. Un leader politique proche du CNRD n’avait-il pas dit, je cite: «On n’exclut pas Dalein par l’âge mais par le casier judiciaire?».