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Guinée: les syndicats font plier le général sans gouvernement!

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Le général Mamadi Doumbouya et ses étoiles de général d'armée (Ph. d'illustration)

Le général Mamadi Doumbouya a plié! Dans le premier véritable bras-de-fer qu’ils ont engagé avec le président de la transition qui venait de limoger tout son gouvernement avec le gel des comptes bancaires et la saisie des passeports des ministres démissionnés, les syndicats ont pris le dessus. Leur arme de prédilection, la grève générale et illimitée, qui a paralysé Conakry durant au moins 24 heures, a fait mouche. Malheureusement, deux personnes, des jeunes, ont trouvé la mort dans ce laps de temps! Même si elles n’ont pas encore gagné la guerre, les centrales syndicales ont remporté une victoire de taille, qui est d’avoir obtenu la libération du Secrétaire général du syndicat des professionnels de la presse de Guinée, Sékou Jamal Pendessa. Certes, l’ancien prisonnier sort des geôles de la transition avec une condamnation de trois mois dont deux en sursis, mais il respire à nouveau, l’air de la liberté. Pourtant, ce verdict n’aurait jamais dû tomber contre un homme qui ne réclamait qu’un peu d’espace d’expression pour ses concitoyens qui ploient sous la chape de plomb imposée par les maîtres militaires de la transition.

Mais, évitant une intransigeance aveugle et suicidaire pour un peuple guinéen déjà étranglé par les conséquences de la cherté de la vie, et faisant, ainsi, preuve d’esprit d’ouverture, les défenseurs des intérêts des travailleurs ont suspendu leur mouvement et se disent prêts à retourner à la table des négociations, dès ce jeudi. La tâche sera bien ardue pour le nouveau Premier ministre, Amadou Oury Bah, qui répond, une fois de plus à l’appel d’un pouvoir militaire, après avoir servi celui d’un autre général, Feu Lansana Conté. En tout cas, le sapeur-pompier de service qui doit, au plus vite, constituer une équipe gouvernementale autour de lui, pour éteindre le feu social, aura besoin de réviser ses formules de ministre en charge de la Réconciliation nationale et de la solidarité, si tant est que son passage éclair, de juin à décembre 2008 au gouvernement, aura servi à recoller les morceaux d’un tissu social déjà bien effiloché à l’époque.

Comme nous nous le demandions dans notre éditorial de ce mardi 27 février, la peur est-elle en train de changer de camp? Peut-être! Mais s’il est trop tôt pour répondre à cette interrogation, il faut tout de même reconnaître que les syndicats guinéens ont réussi à interpeller les dirigeants sur les préoccupations de populations vivant des jours difficiles. Car, en plus de la vie chère, les Guinéens font l’amer constat que leur espace de liberté d’expression, voire de liberté tout court, se réduit comme une peau de chagrin. Toute chose ouvrant, grandes, les portes de la prison à certains de leurs leaders politiques et de la société civile, et conduisant d’autres sur la route de l’exil forcé. Désormais forts de cette première victoire, les syndicats ne voudront certainement pas dormir sur leurs lauriers d’étape, tout comme les dirigeants de la transition doivent, désormais, prendre conscience du quotidien de misère des populations qu’ils gouvernent.

Pourvu que chaque partie joue sa partition dans l’intérêt général, afin de créer les conditions de mieux-être social et permettre à tous les fils et filles du pays de participer au développement de la Guinée exceptionnellement dotée par la nature.

Par Wakat Séra