Ceci est une lettre de la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, adressée au président guinéen de la Transition, le Colonel Mamady Doumbouya, où elle exprime ses «profondes préoccupations face à l’évolution récente de la situation des droits de l’homme en République de Guinée».
Je vous écris pour faire part de mes profondes préoccupations face à l’évolution récente de la situation des droits de l’homme en République de Guinée. Le recours à la force lors des récentes manifestations des 28 et 29 juillet 2022 pourrait constituer des violations des droits de l’Homme y compris des droits à la vie et à l’intégrité physique.
J’encourage votre Gouvernement à diligenter une enquête sur ces incidents malheureux et à traduire ses auteurs en justice.
Je suis également préoccupé par les informations faisant état d’un grand nombre d’arrestations de manifestants, y compris des membres de l’opposition politique et de la société civile. De telles situations pourraient constituer des violations des droits à la liberté de manifestation et de réunion pacifique. Je demande instamment au Gouvernement guinéen de veiller à ce que les personnes détenues pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique soient libérées et que leurs droits fondamentaux soient protégés de manière adéquate.
J’ai été informé de la décision prise par votre Gouvernement le 9 août 2022 de dissoudre le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), un collectif de partis politiques d’opposition, syndicats et organisations de la société civile, qui a été à l’initiative des manifestations des 28 et 29 juillet dernier. Une telle mesure constitue une atteinte grave au droit à la liberté d’association et de réunion pacifique. J’en appelle à votre Gouvernement à revenir sur cette décision et à garantir à tous les Guinéens les libertés fondamentales contenues dans la Constitution guinéenne et conventions internationales relatives aux droits de l’homme auxquelles la République de Guinée est partie.
Dans le contexte d’une transition vers retour à l’ordre constitutionnel en République de Guinée, j’encourage instamment votre Gouvernement à privilégier le dialogue pour résoudre les tensions politiques, et à promouvoir et respecter les droits de l’homme pour garantir l’avènement d’un état de droit dans le pays. A cet égard, mon Bureau pays se tient à votre disposition pour continuer de vous apporter l’assistance technique nécessaire.
J’espère que vous recevrez cette lettre dans l’esprit d’engagement et de soutien que j’ai noté précédemment. Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme reste disposé à continuer à travailler avec vous et votre Gouvernement en partenariat et en coopération pour améliorer la situation des droits de l’homme dans votre pays.
Veuillez agréer, Excellence, les assurances de ma très haute considération.
Michelle Bachelet
Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme