Qu’est-ce qui a bien pu se passer dans la tête de médecins pour qu’ils en viennent à s’adonner à un viol collectif sur une femme? Du reste, l’acte n’en restera pas à la simple violence sexuelle, car il a amené à la mort, en Tunisie où elle était en soins, de M’mah Sylla, un mois après avoir été commis. Ignoble! Méprisable! Lâche! Des mots bien faibles pour qualifier ce crime odieux dont les présumés coupables sont, malheureusement, et, ironie du sort, ceux à qui l’on confie sa vie sans ciller. Pour en emprunter au proverbe, ce sont ceux à qui l’on donnera la communion sans confesse. Que dire du lieu choisi par les présumés auteurs pour accomplir leur vile et exécrable besogne? Une clinique! C’est-à-dire un endroit où le patient est censé se faire soigner et recouvrer la santé lorsqu’il est souffrant. C’est là que M’mah Sylla trouvera la mort, car des hommes indignes, en ont décidé ainsi. Ils l’ont tuée moralement avant de l’achever physiquement!
Oui, M’mah Sylla était déjà morte, car une femme violée subit un traumatisme, toujours à vie, qui en fait psychologiquement une loque, un déchet humain, un moins que rien. Car elle a été souillée, dans son intimité la plus profonde. S’il faut ajouter à cette flétrissure indélébile les risques de grossesse indésirée et de maladies souvent graves comme le VIH SIDA, ce n’est ni plus ni moins que la destruction totale de M’mah Sylla que ces individus d’une infamie inimaginable avait déclenchée chez cette charmante jeune femme de 25 ans.
Si les enquêtes confirment les faits, la justice guinéenne devra punir pour l’exemple. Mais ce jugement, malgré son exemplarité, pourra-t-il effacer de l’esprit des jeunes filles, femmes et même enfants, la crainte de se faire violer comme l’a été lâchement M’mah Sylla qui a cru en des hommes en blouse blanche immaculée mais aux idées noires et qui ont transformé le serment d’Hippocrate en serment d’hypocrite? Comment se rendre désormais en clinique ou à l’hôpital sans penser à y subir le sort de M’mah Sylla, surtout quand l’on doit «passer sur le billard» pour une intervention qui nécessite un endormissement par anesthésie? Après la mort suite au viol collectif de M’mah Sylla, est-il encore possible, si les faits sont avérés, de faire confiance à un médecin ou un infirmier? Des questions qui doivent se bousculer certainement dans la tête des femmes et parents de malades.
Pourtant, il faut aller voir le «docteur», car c’est lui, le spécialistes des soins pour guérir les différentes maladies. Certes, dans tous les corps socio-professionnels, les milieux sportifs, et même dans les couvents et les cercles religieux, ce mal qui a survécu depuis la nuit des temps, grâce à l’omerta et l’impunité qui l’entoure, continue de faire des ravages indescriptibles. Mais fort heureusement, il est loin d’être une pratique généralisée, car n’étant le fait que de brebis galeuses. Les médecins, infirmiers et sages-femmes qui ont fait de la vertu leur étoile polaire sont les plus nombreux et exercent avec passion et conscience professionnelle leur noble profession grâce à laquelle ils sauvent, jour et nuit, les vies, la vie.
Plus jamais ça! Après la mort de M’mah Sylla et de ces nombreux anonymes, jeunes filles, femmes, garçons et hommes, victimes de viol, il urge de plus en plus de mener une guerre sans répit contre le mal qui connaît une recrudescence inquiétante dans une société humaine où tout semble permis et peu interdit.
Par Wakat Séra