Alpha Condé vs Cellou Dalein Diallo. La Guinée va encore vers son affiche classique du combat des gladiateurs qui descendront dans l’arène de la présidentielle prévue pour le 18 octobre 2020. Le premier, 82 ans, envers et contre tous, et surtout contre la Constitution, va à la reconquête de son fauteuil. Sur sa route vers ce troisième mandat, route déjà rougie par le sang de défenseurs de la Constitution, le président sortant devra franchir un obstacle de taille, en la personne du président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), et chef de file de l’opposition, Cellou Dalein Diallo. Ce pilier de la contestation au troisième mandat, à travers le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), affrontera pour la troisième fois un challenger venu au pouvoir grâce au jeu de l’alternance démocratique, mais qui devenu un fervent apôtre de la présidence à vie. Mais la candidature du leader de l’UFDG passe mal auprès de ses compagnons de lutte contre le troisième mandat. Sans autre forme de procès, le FNDC a sorti de ses rangs, celui dont la force de mobilisation n’est, pourtant, plus, à prouver dans la lutte pour contrer les velléités anti démocratiques de Alpha Condé. Cellou Dalein Diallo a-t-il donc abdiqué?
Visiblement, celui qui est devenu l’opposant historique de Alpha Condé, a fait le choix de continuer la lutte dans la rue et de la poursuivre dans les urnes. Son option est-elle judicieuse? Peut-être oui, peut-être non, mais elle a au moins l’avantage de bannir des habitudes des opposants, la politique de la chaise vide qui n’a jamais payé, en tout cas, rarement. En effet, il faut user de plusieurs stratagèmes pour mettre fin à la prédation de la démocratie en Guinée, le président guinéen et ses zélateurs ayant trouvé l’astuce grossière, hideuse et éculée, de présenter le troisième mandat de Alpha Condé, comme le premier de la 4è République, après leur œuvre immonde de tailleur de Constitution sur mesure.
Cette forfaiture n’ayant pas pu être contrée, car accomplie avec le silence assourdissant de la communauté internationale, notamment de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) qui a choisi de se ranger, une fois de plus, du côté des membres de son syndicat contre le peuple, il importe désormais de ne pas laisser le champ libre aux nouveaux ennemis des processus démocratiques africains dont, le Guinéen Alpha Condé fait désormais partie, marchant dans les pas de l’Ivoirien, Alassane Dramane Ouattara. A ce titre, Cellou Dalein Diallo, qui, il faut le reconnaître de go, affaiblit le FNDC en sortant des rangs, joue la carte du réalisme. Sauf retournement de situation comme au Mali voisin, le Guinée, malgré le NON retentissant de l’opposition et de la société civile, devra subir ce mandat de trop de Alpha Condé.
Certes, la candidature de Cellou Dalein Diallo peut être perçue, à première vue, comme une caution au troisième mandat de Alpha Condé, mais en réalité, elle peut fausser les plans de ce dernier qui comptait sans doute sur le boycott total de l’opposition, pour accéder en roue libre à Sékhoutouréya, le palais présidentiel guinéen. Mais sans le soutien, pourtant nécessaire, des leaders de cette partie de l’opposition et de la société civile réunis sous la bannière du FNDC, quel sera le poids de Cellou Dalein Diallo sur cette élection du 18 octobre 2020, viciée par la candidature anticonstitutionnelle de Alpha Condé, qui devrait songer à faire valoir ses droits à la retraite? Le débat reste ouvert dans une Guinée de tous les politiquement possibles.
Par Wakat Séra