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Guinée: transfert de première classe pour le colonel Claude Pivi

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Le militaire-prisonnier en cavale, Jean Claude Pivi

Alors qu’il était incarcéré, le colonel Claude Pivi a pris la clé des champs, en novembre 2023, en plein procès des massacres et viols du 28 septembre, dans le stade éponyme de Conakry. Après 10 mois de cavale, il a été arrêté le mardi 17 septembre 2024, au Libéria, à la frontière avec la Guinée, par les policiers libériens qui ont, immédiatement, refilé le colis à leurs collègues guinéens. L’empressement du général Mamady Doumbouya, qui avait hâte de récupérer l’officier fugitif dont la tête avait été mise à prix, a sans doute conduit à cette formule, qui répondait mieux à l’urgence du retour du «wanted» le plus recherché de l’heure en Guinée. Et l’urgence de la situation l’exigeant, le prisonnier, qui, en son absence non justifiée au jugement historique des militaires responsables de la tuerie et des viols en masse du 28 septembre 2009, a récolté la perpète assortie d’une période de sûreté de 25 ans, bénéficie d’un nouveau privilège digne de son grade d’officier évadé.

Le mitard a, désormais, droit, non plus à son ancienne cellule de la Maison centrale, la prison la plus sécurisée de Conakry, mais à une nouvelle chambre à la prison de Koyah, située à une cinquantaine de kilomètres de la capitale guinéenne. Il pourra y méditer, plus tranquillement, loin du brouhaha de Kaloum, sur le sort monstrueux infligé aux 156 personnes tuées et aux plus de 109 filles et femmes violées à ciel ouvert, et pour lequel il a été condamné, tout comme le capitaine Moussa Dadis Camara, ancien chef de junte guinéenne. Son odyssée de fuyard ayant pris fin, l’ex-ministre de la Sécurité présidentielle devra, désormais, faire face à la solitude de l’univers carcéral où il sera certainement surveillé comme le lait sur le feu, ses geôliers étant bien au fait de sa capacité à se volatiliser dans la nature, avec l’aide de son fils, Verny Pivi, qui lui est toujours recherché. De plus, même s’ils ne lui ont été, visiblement, d’aucun secours au moment de son arrestation en terre libérienne, l’homme serait doté de pouvoirs mystiques qu’il ne cachait point et qui accroissait la crainte qu’il suscitait. Claude Pivi, est, de surcroît «champion» et maître de karaté, discipline dont il pourra faire profiter ses codétenus, s’il en a le temps. Et surtout si ses gardiens de Koyah, une prison dotée de bien des commodités, à en croire le gouvernement guinéen, le lui permettent! 

En tout cas, la joie des parents des victimes et celle des femmes violées du 28 septembre 2009, sans oublier le soulagement des leaders de la société civile, sont ostensibles, eux qui ont été longtemps gagnés par la peur, alors qu’ils ignoraient où se trouvait «KO» ou encore «Coplan», l’un des hommes les plus craints de la Guinée, au temps où, intouchable, il semait la terreur, en toute impunité.

Le retour en enfer du colonel! Ce qui pouvait être un titre de film de guerre à succès, avec pour personnage principal Claude Pivi, est plutôt une réalité dans les dunes du Fouta Djalon! Le rêve du colonel a donc tourné court et il devra purger, sauf rebondissement, sa peine de prison à perpétuité, récoltée suite aux horreurs du 28 septembre. Tant mieux si cela peut contribuer à renforcer le charme de la justice qui finit presque toujours par triompher, et mettre du baume sur les douleurs indicibles des victimes encore vivantes et des proches des morts!

Par Wakat Séra