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Guinée: trop de doutes sur la parole du général!

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Le che de la transition guinéenne, le général Mamadi Doumbouya (Ph. d'archives)

Fixée pour le 21 septembre de cette année, la date du référendum constitutionnel n’en suscite pas moins de sérieux doutes au sein de la classe politique et des populations en Guinée! Si les autorités de la transition présentent cette étape comme le premier pas véritable du retour du pays sur les rails de la démocratie, pour des acteurs politiques, des citoyens et des animateurs de la Société civile, c’est encore un moyen de diversion, trouvé par le gouvernement actuel pour s’éterniser au pouvoir. Face à une transition dont les auteurs du coup d’Etat du 5 septembre 2021 refusent de fermer la parenthèse, par le biais de stratagèmes et autres ruses, qui, du reste, ne trompent plus guère, les Guinéens ont fini par devenir de fervents disciples d’un pessimisme profond.

Le peuple n’accorde plus aucune foi aux promesses de dirigeants, qui, visiblement ne cherchent qu’à le flouer. Toutes les fois que les Guinéens ont essayé de croire aux engagements pris par le général Mamadi Doumbouya et les siens, ils ont été déçus au bout du rouleau. Le dernier enfarinage de classe XXL, opéré par les maîtres de Conakry, est bien la grâce présidentielle accordée, officiellement, pour raison de santé, au capitaine Moussa Dadis Camara. Condamné à 20 ans de prison suite au jugement du massacre du 28 septembre, au stade éponyme, en 2009, et qui a fait plus de 150 morts et, au moins 109 femmes violées, l’exilé de Ouagadougou, a été élargi, alors qu’il a interjeté appel. Et pendant qu’elles attendaient l’indemnisation que l’Etat s’est, finalement, engagé à supporter, c’est à une grâce présidentielle d’un procès qui n’a pas encore épuisé tous ses recours, que les victimes ont eu droit!

Questions: le calendrier référendaire et électoral, prévu pour tenir en cette année 2025 est-il réaliste, en l’absence d’une liste électorale fiable, et, d’ailleurs non conçue pour le moment? La saison hivernale qui devrait s’installer dans la période indiquée, sera-t-elle propice pour un bon déroulement des opérations de vote? De quelle marge disposeront les candidats potentiels, et même les populations électrices, pour faire corriger, les erreurs que ne manqueront pas de comporter les listes? Qui plus est, quand on sait que sous les tropiques, les morts et les nouveau-nés, se retrouvent sur les listes électorales, gonflées à souhait pour faire gagner l’organisateur des élections ou le parti au pouvoir, de quel temps disposera-t-on pour expurger les listes de ces anomalies? Enfin, mais pas la fin, car la liste des interrogations est fastidieuse à éplucher, que fera-t-on de tous ces Guinéens contraints à l’exil, alors qu’ils sont citoyens et donc éligibles et électeurs, mais incapables de se faire recenser, a fortiori, prendre part aux élections?

Une fois de plus, le doute plane sur la parole du général. Et les velléités des affidés du président de la transition, se font de plus en plus pressantes, pour refaire une virginité par les urnes à Mamadi Doumbouya, en le présentant comme le candidat idéal pour la présidentielle. Pourtant, le général lui-même, après son coup de force a crié sur tous les toits, que ni lui, ni aucun de ceux qui auront dirigé la transition, ne prendraient part à aucune élection. Sauf que l’appétit venant en mangeant, et la soif du pouvoir étant inextinguible, qu’est-ce qui pourra encore arrêter le général Mamadi Douombouya vers sa mue en civil, pour conserver «son» fauteuil présidentiel? Surtout qu’il a réussi à éloigner du palais de Sékhoutouréya et de la Guinée, des favoris comme le leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée, Cellou Dalein Diallo que le pouvoir est résolu à noyer dans l’affaire «Air Guinée», un dossier que les conseils de l’intéressé ont qualifié de vide et de montage purement politique.

En tout cas, la Guinée va vers un curieux retour à l’ordre constitutionnel, avec à la manœuvre un général, prêt à changer sa vareuse, son béret et ses rangers de militaires, contre le boubou brodé, le bonnet et les babouches de civil!

Par Wakat Séra